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De décombres à récif en quatre ans seulement : comment une sculpture métallique a redonné vie aux coraux indonésiens

Des étoiles métalliques interreliées fournissent une base pour la croissance d’un nouveau récif sur les restes de coraux dynamités.

Par Warren Cornwall (Öffnet in neuem Fenster)

Crédit photo : Martin Colognoli / Ocean Image Bank. Les restes de coraux dynamités.

Il y a quarante ans, les pêcheurs du sud de l’île indonésienne de Sulawesi utilisaient un outil d’une simplicité déconcertante pour capturer les poissons vivant dans les récifs : ils lançaient des bâtons de dynamite et ramassaient les poissons assommés qui remontaient à la surface.

Cette technique comportait toutefois un inconvénient majeur : elle transformait les récifs coralliens remplis de vie en champs de ruines. La destruction a été si importante que, des décennies plus tard, les nouvelles larves de corail des environs ne parvenaient toujours pas à s’implanter pour commencer à reconstruire le récif.

Malgré ces revers, certaines parties des récifs autrefois dévastés se remplissent à nouveau de coraux, et ce, grâce aux efforts des habitants de l’île ainsi que de scientifiques indonésiens et britanniques, et à un astucieux dispositif métallique évoquant une araignée à six pattes de la taille d’une table basse.

Les « Reef Stars » (« étoiles de récif »), comme on les appelle, se sont révélées des plus efficaces. En effet, de nouvelles recherches montrent que les récifs naissants ressemblent à de nombreux égards aux récifs sains environnants.

« La vitesse de rétablissement que nous avons observée est incroyable », affirme Ines Lange (Öffnet in neuem Fenster), écologiste spécialiste des récifs coralliens à l’Université d’Exeter, au Royaume-Uni, qui a suivi la régénération des récifs.

Ces stratégies de croissance des coraux constituent l’un des piliers des efforts de restauration des récifs dans le monde entier. De petits fragments de coraux – des colonies de polypes coralliens génétiquement identiques vivant dans une structure osseuse commune – sont attachés à un cadre quelconque, puis « plantés » sur le récif. En Floride, où cette approche a été mise à l’essai pour la première fois il y a plusieurs décennies, les morceaux de corail sont suspendus à des cadres en plastique, comme des ornements sur un arbre de Noël, jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment grands pour être placés sur un récif.

En Indonésie, les structures métalliques permettent aux minuscules coraux de se développer, mais servent également de base à la création d’un nouveau récif sur les restes des coraux dynamités. Les étoiles métalliques sont reliées entre elles pour former un treillis d’acier et de corail, une sorte de récif cyborg capable de couvrir une surface équivalant à environ la moitié de celle du banc de touche sur un terrain de soccer.

Pour savoir comment se portent ces nouveaux récifs hybrides et à quel point ils s’apparentent aux récifs naturels, Ines Lange et ses collègues ont mesuré des indicateurs clés sur 12 sites de restauration, ainsi que sur trois récifs sains et trois récifs encore détruits.

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Résultat : les récifs replantés à peine quatre ans plus tôt ressemblaient beaucoup à leurs voisins naturels au regard de critères importants. Les sites de restauration les plus anciens produisaient ainsi autant d’exosquelettes de carbonate que les récifs sains, et trois fois plus de carbonate que la première année où ils avaient été plantés, comme l’ont rapporté les chercheurs en mars dernier (Öffnet in neuem Fenster) dans la revue Current Biology. Au fur et à mesure que les coraux repoussaient, la superficie du récif couverte par les coraux est passée de 17 % à plus de 50 %, soit un niveau semblable à celui des récifs sains.

« Il s’agit d’une découverte très encourageante », se réjouit Tim Lamont (Öffnet in neuem Fenster), biologiste marin de l’Université de Lancaster, qui a pris part à l’étude.

Le programme de restauration des coraux en Indonésie a donné lieu à de remarquables innovations, dont les étoiles métalliques et l’utilisation d’enregistrements audio sous-marins (Öffnet in neuem Fenster) pour évaluer la santé des récifs.

Il existait toutefois des différences subtiles. Les récifs plantés étaient presque entièrement constitués de coraux ramifiés à croissance rapide, favorisés par les restaurateurs de récifs. Les récifs naturels, en revanche, comportaient beaucoup plus de coraux volumineux en forme de blocs.

Cette dépendance à l’égard des coraux à pointes s’est avérée un talon d’Achille en Floride, où une vague de chaleur sous-marine l’an dernier a anéanti (Öffnet in neuem Fenster) un grand nombre de coraux transplantés issus de deux espèces menacées d’extinction.

Les récifs indonésiens sont moins vulnérables, selon Ines Lange. La diversité génétique des coraux utilisés est plus grande que celle des coraux de Floride. En outre, les conditions océaniques dans les eaux indonésiennes se sont révélées plus favorables aux coraux qui construisent des récifs. D’après la chercheuse, ces dernières années, les coraux y sont demeurés relativement sains tandis que de nombreux autres récifs dans le monde blanchissaient – un phénomène au cours duquel les polypes coralliens surchauffés risquent de mourir de faim après avoir expulsé les algues symbiotiques de leur corps.

À long terme, cependant, même ces récifs pourraient ne pas échapper aux ravages du changement climatique. Selon une étude parrainée par les Nations Unies (Öffnet in neuem Fenster), le réchauffement des océans entraînera la disparition de 29 des plus importants systèmes récifaux du monde (dont certains près de Sulawesi) d’ici la fin du siècle si l’on ne réduit pas radicalement la pollution par les gaz à effet de serre.

Néanmoins, Tim Lamont se montre optimiste quant à ces dernières conclusions. « Il est possible de restaurer même les récifs très endommagés pour qu’ils redeviennent des systèmes sains et fonctionnels dans des délais relativement courts, à condition de maintenir des conditions climatiques propices à la survie des coraux. »

Bref, l’affaire est loin d’être gagnée d’avance.

Lange et coll. « Coral restoration can drive rapid reef carbonate budget recovery ». Current Biology. 8 mars 2024.

Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/04/from-rubble-to-reef-in-just-four-years-how-a-metal-sculpture-revived-indonesian-cora/ (Öffnet in neuem Fenster)

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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (Öffnet in neuem Fenster). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (Öffnet in neuem Fenster), la Durabilité à l’Ère Numérique (Öffnet in neuem Fenster) et le pôle canadien de Future Earth (Öffnet in neuem Fenster).

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