Les recherches effectuées sur Internet à propos des changements climatiques livrent des images différentes d’un pays à l’autre
Et c’est là un problème, estime une équipe de recherche selon laquelle une représentation plus exacte des changements climatiques pourrait faire évoluer l’opinion publique.
Par Sarah DeWeerdt (Öffnet in neuem Fenster)
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Selon une nouvelle étude, les résultats de recherche d’images sur Google reflètent les opinions dominantes sur les changements climatiques dans un pays donné, plutôt que le niveau réel de risque climatique auquel les populations locales font face.
Les conclusions donnent également à penser qu’une représentation exacte des changements climatiques dans les résultats de recherche d’images pourrait faire évoluer l’opinion publique. Mais pour l’instant, l’algorithme renvoie largement ce que les gens pensent déjà des changements climatiques et ne leur montre pas ce qu’ils ont besoin de savoir.
D’après Michael Berkebile-Weinberg (Öffnet in neuem Fenster), membre de l’équipe qui a mené l’étude et chercheur postdoctoral à la Columbia Business School de New York, de nombreuses personnes savent que les plateformes telles que Facebook et TikTok (Öffnet in neuem Fenster) ne sont pas des sources d’information objectives. « Sur ces applications, nous savons que nous recevons des flux très ciblés qui sont conçus pour nous montrer exactement ce que nous voulons voir, ou du moins pour garder notre attention, indique-t-il. Mais beaucoup d’entre nous attendent plus d’objectivité de la part des plateformes de recherche d’information telles que Google Search. Or, cela ne semble pas être le cas. »
M. Berkebile-Weinberg et ses collègues ont effectué une recherche d’images sur Google portant sur des termes liés aux changements climatiques dans 49 pays différents et ont réalisé des captures d’écran des résultats. Ceux-ci varient considérablement d’un pays à l’autre et sont indicateurs du degré de préoccupation climatique de la population du pays, rapporte l’équipe dans la revue Nature Climate Change.
Par exemple, la recherche d’images en Argentine, où les préoccupations liées aux changements climatiques sont fortes, renvoie de nombreuses images de maisons en flammes, en lien avec les feux de forêt qui ont ravagé le pays ces dernières années.
En revanche, la population en Estonie est peu préoccupée par les changements climatiques. Les résultats de la recherche y présentent des images lointaines, comme des icebergs et des ours polaires, ou des images abstraites, comme des graphiques scientifiques.
Dans le cadre d’une enquête en ligne, l’équipe de recherche a montré à chacune des 400 personnes participantes un échantillon aléatoire de 20 captures d’écran de recherche d’images. Les personnes participantes ont systématiquement jugé les images provenant de pays où la population est déjà préoccupée par les changements climatiques plus émouvantes et plus révélatrices de la nécessité d’agir que les images provenant de pays où la population est peu inquiète concernant le climat.
Toutefois, les images n’inspirent pas nécessairement l’émotion ou la volonté d’agir dans les pays les plus vulnérables aux effets des changements climatiques. En fait, l’algorithme de recherche de Google Image renvoie aux personnes ce qu’il pense qu’elles veulent et il renforce ce qu’elles pensent déjà des changements climatiques.
Dans un deuxième sondage en ligne, l’équipe a montré à près de 900 personnes les résultats de recherches d’images effectuées dans des pays à forte ou à faible préoccupation climatique. Les personnes participantes qui ont vu des images provenant de recherches effectuées dans les premiers pays ont déclaré être plus préoccupées par les changements climatiques, plus favorables aux politiques climatiques et plus enclines à prendre des mesures favorables au climat que celles qui ont vu des images provenant de recherches effectuées dans les autres pays.
Étonnamment, les résultats ne dépendent pas des tendances politiques de la personne (Öffnet in neuem Fenster). « Nous pensions à l’origine que les personnes relativement conservatrices auraient une réaction plus forte à la vue des images les plus émouvantes, notamment en raison de leur caractère relativement surprenant, indique M. Berkebile-Weinberg. Or, les résultats infirment cette hypothèse, car les personnes ont perçu ces images de la même manière, quelles que soient leurs convictions politiques. »
Le fait que les résultats des recherches d’images puissent influencer l’opinion publique représente à la fois une occasion et un risque. À l’heure actuelle, les algorithmes de recherche d’images ne font que renforcer les opinions de la société. En théorie, une représentation exacte des changements climatiques (Öffnet in neuem Fenster) dans les résultats de recherche d’images pourrait contribuer à accroître l’intérêt du public à leur égard.
Il est toutefois possible de déployer des algorithmes de recherche d’images pour atténuer les préoccupations climatiques. « La possibilité que ces moteurs de recherche, et les algorithmes qui travaillent en arrière-plan pour les faire fonctionner, fassent obstacle à un véritable progrès sociétal est un problème important auquel nous devons faire face, souligne M. Berkebile-Weinberg. Les institutions et les organisations qui utilisent ces technologies se doivent de mettre au point des outils qui garantissent l’objectivité ou, du moins, qui informent les utilisateurs et utilisatrices des travers insidieux de ces technologies quant à la diffusion d’opinions nuisibles. »
Source : Berkebile-Weinberg M. et coll., « Internet image search outputs propagate climate change sentiment and impact policy support (Öffnet in neuem Fenster) », Nature Climate Change, 2024.
Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/11/search-the-web-for-climate-change-and-the-image-you-get-depends-on-the-country-youre-in/ (Öffnet in neuem Fenster)
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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (Öffnet in neuem Fenster). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (Öffnet in neuem Fenster), la Durabilité à l’Ère Numérique (Öffnet in neuem Fenster) et le pôle canadien de Future Earth (Öffnet in neuem Fenster).