NHK Trophy 2024 - Compétition dames : Full Japan !

Première constatation : mesdames, il faut tourner ! Dans le programme court, six patineuses sur douze sont pénalisées pour sous rotation. Lors du libre, elles sont… onze sur douze ! Certaines s’offrent même huit “carottes” (surnom du signe < évoquant l’extrémité d’une carotte horizontale). Ceci souligne la difficulté des sauts, en particulier ceux passés en combinaison. Nous sommes au Japon et le podium est intégralement local. A commencer par une Kaori Sakamoto phénoménale dans le court (78.93) au son hispanisant de Gidon Kremer. La prestation est propre comme un sou neuf avec des GOEs grimpant à +5, la note ultime, pour son double Axel, sa séquence de pas et sa pirouette. Les composantes sont excellentes, de 8.75 à 9.50. Du grand art. Bis repetita dans le libre (152.95) sur “All That Jazz” du film “Chicago”. Une seule petite erreur : une sous rotation (il en fallait bien une !) du triple flip. Encore des +5 et les composantes montent jusqu’à 9.75. Déjà grande gagnante du Skate America, Kaori triomphe sur son territoire avec un score de 231.88. La voir évoluer est un régal : puissance, élégance, vitesse, sensibilité, Koari est convaincue et convaincante. La revoir en Finale à Grenoble sera un vrai bonheur.

Mone Chiba n’est pas une inconnue. Si elle n’était que 9ème à Angers l’an dernier, elle a ensuite décroché le titre de vice-championne nationale, puis remporté les Quatre Continents. Le NHK est son premier Grand Prix, après une saison commencée au Nebelhorn Trophy (4ème). Eclectique, Mone passe du disco pour le court (Donna Summer) à César Frank pour le libre. Légère comme une plume, elle commet une seule erreur vendredi : une carre incertaine sur son triple Lutz combiné à un triple boucle piqué. Elle est 2ème (71.69). Le lendemain, elle passe ses deux flips, solo et combiné, avec quarter. Une nouvelle carre douteuse, toujours sur le Lutz, combiné à double Axel en séquence, et une sous rotation, lui valent une ligne de GOEs négatifs. Elle reste seconde (140.85) et remporte une médaille d’argent (212.54), à près de 20 points de Kaori.

Yuna Aoki complète le podium (195.07). Distancée sur le plan comptable, ses prestations ont été inégales. Après un bon programme court sur “Adios Nonino” de Piazzolla qu’elle termine 3ème (69.78), elle échoue à la 5ème place du libre (125.29). Sur le très sage et romantique “Popsical” de l’artiste lyrique américaine Chloe Flower, Yuna enchaîne les erreurs et perd des points précieux : deux quarters, trois sous rotation, un triple flip dégradé, 3 lignes de GOEs négatifs. S’attendant peut-être à être éjectée du podium, elle fond en larmes de joie à l’annonce de ses notes. Elle est bel et bien 3ème de la compétition (195.07) avec un patinage aussi léger que celui de Mone Chiba.

Alysa Liu avait pris une retraite anticipée en 2022. Elle a changé d’avis. Elle a bien fait. La revoici très en forme avec deux programmes cousus main par Massimo Scali : “Promise” de la chanteuse islandaise Laufey, et “MacArthur Park Suite” de Donna Summer (décidément en plein revival). Tout va bien lors du court, sauf un quarter et une sous rotation sur triple flip/triple boucle piqué (65.03). Tout va moins bien lors du libre avec 3 sous rotations sur les Lutz et flip (125.72). Alysa n’a rien perdu de sa puissance et de ses carres profondes. Elle est 4ème du classement final (190.75). Sa compatriote Bradie Tennell la suit, dans le même point (190.25). La différence est infime, mais Bradie, 5ème du court, (62.05) est remontée à la 3ème du libre (128.20) malgré deux sous rotation, une carre douteuse et une chute sur son double Axel. Si elle tire facilement son épingle du jeu avec la musique de “Lord of the Dance”, je trouve son interprétation de “Nessun Dorma” très plate. La musique ayant déjà été surutilisée depuis des décennies, l’ensemble en pâtit.

Lara Naki Gutmann entame la compétition en 6ème position (61.51) et va y rester lors du libre (118.77) et au final (180.28). 3ème des récents Denis Ten et Nepela Memorials, ses deux programmes manquent encore de rodage et de conviction. 10ème l’an dernier au même NHK Trophy qui avait lieu à Osaka, Seoyeong Wi est 7ème cette année (173.77). “Viejos Aires”, “Trisan et Yseult”, ses prestations sont correctes mais pas transcendantes. 7ème d’un court (61.43) quasiment sans faute, elle recule à la 9ème du libre (112.34) après une jolie petite moisson de cinq sous rotations. Olga Mikutina est 8ème (169.93) avec sept sous rotations en deux programmes. Vous pensez que c’est le record ? Attendez… 2ème l’an dernier à la même compétition, Lindsay Thorngren démarre assez mal cette année. Une chute et un morceau de costume perdu dans le court (54.79) : deux points de déduction et une 10ème place. Elle remonte à la 7ème du libre (114.24) et… gagne le titre peu envié, mais partagé, de Miss Carotte NHK avec huit sous rotation sur les deux programmes. 169.03 la placent 9ème au final. Ekaterina Kurakova a récemment élu domicile à Vaujany sous l’égide de Florent Amodio. “Let’s Get Loud” pour le court et des oreilles de chat pour le libre au cas où nous n’aurions pas compris qu’elle patine sur “Cats”. Avec, elle aussi, huit sous rotations en tout, la voici couronnée Miss Carotte bis. 9ème du court (56.46), mais dernière du libre (100.68), Ekaterina termine 11ème (157.14).

Niina Petrokina loupe les deux combinaisons de sauts de son court, ce qui lui vaut le 11ème rang (52.98). Victime d’une chute et de six sous rotation lors du libre, ce sont ses composantes qui l’amènent à 8ème place (112.86) et à la 10ème au final (165.84). Vainqueure du NHK en 2022, 3ème, puis seconde des Quatre Continents la même saison, 3ème des J.O. Universitaires en 2023, Yelim Kim est en train de disparaître des radars. Déjà 12ème et dernière du récent Skate Canada, elle réitère sa contreperformance ici à Tokyo, pour finir à la même place (152.84). Triple Lutz dégradé, absence de combinaison, grosse erreur sur la pirouette lors du programme court, Yelim s’installe en queue de peloton dès le départ avec un très maigre score de 51.32. Le triple flip de son libre est dégradé, l’Axel passé en simple l’est aussi, les GOEs sont tout petits, les composantes rikiki, et pour couronner le tout, une déduction tombe pour dépassement de temps. Les soucis d’Ekaterina Kurakova lui font gagner une place (101.52), mais elle reste 12ème et dernière de la compétition (152.84).

Kate Royan

Résultats détaillés (Si apre in una nuova finestra)

Replay programme court dames (Si apre in una nuova finestra)

Replay programme libre dames (Si apre in una nuova finestra)