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La construction circulaire pourrait être une bénédiction pour le climat... et l’emploi

Dans une nouvelle étude, une équipe de recherche a comptabilisé les avantages économiques et écologiques considérables de la démolition des bâtiments pièce par pièce plutôt qu’au bulldozer.

Par Sarah DeWeerdt (Si apre in una nuova finestra)

Selon le nouveau livre blanc d’une équipe de recherche de l’Université de Cornell, la construction circulaire a le potentiel d’éviter une quantité considérable d’émissions de gaz à effet de serre et de stimuler une croissance économique pouvant atteindre trois milliards de dollars dans l’État de New York.

La construction, la rénovation et la démolition de bâtiments dans cet État génèrent 7,7 millions de tonnes de déchets chaque année, et 58 % de ces matériaux sont enfouis, brûlés ou expédiés dans un autre pays pour y être éliminés.

Ce secteur de la construction linéaire a également une forte empreinte climatique (Si apre in una nuova finestra). Les bâtiments et les déchets occupent respectivement le premier et le quatrième rang des sources d’émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine dans l’État, et sont collectivement responsables de 43 % des émissions.

Les coûts sociaux sont aussi considérables : la démolition à tort et à travers libère des poussières toxiques qui empoisonnent l’air et les cours d’eau avoisinants. L’élimination des déchets ainsi produits accentue la pression exercée sur les sites d’enfouissement de l’État, déjà surutilisés et dont les contribuables doivent payer l’entretien pendant des dizaines d’années après la fermeture.

En revanche, « la construction circulaire vise à concevoir et à construire des bâtiments qui serviront de banques de matériaux pour les constructions futures, à prolonger la durée de vie de l’environnement bâti actuel et à activer le potentiel des structures existantes à la fin de leur vie utile en tant que "mines anthropogéniques" de matériaux utiles », écrit l’équipe de recherche.

Si 42 % des débris de construction et de démolition sont actuellement recyclés, il s’agit pour l’essentiel d’infrarecyclage, qui transforme une masse indifférenciée de matériaux mixtes en produits de faible valeur tels que des granulats et des produits de couverture de décharge. Seulement 0,4 % des débris de construction sont réutilisés dans de nouvelles constructions.

Selon l’équipe de recherche, la déconstruction, qui consiste à démonter les bâtiments pièce par pièce plutôt que de les raser sans discernement, pourrait permettre de recycler ou de réutiliser les matériaux de construction (Si apre in una nuova finestra) dans une proportion d’au moins 90 %.

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La déconstruction rend possible la récupération de matériaux de construction précieux, comme le bois d’œuvre et l’acier, les fenêtres et les boiseries, voire les armoires de cuisine et les accessoires de salle de bain. Ce travail fastidieux nécessite plus de main-d’œuvre que la démolition et crée davantage d’emplois, y compris des postes de débutants pouvant mener à l’exercice de métiers spécialisés du secteur de la construction.

L’équipe derrière cette nouvelle étude a calculé que le remplacement de 75 % des démolitions résidentielles dans l’État de New York par la déconstruction se traduirait par la création de 12 600 nouveaux emplois verts. Ce scénario générerait des retombées économiques totalisant 3,05 milliards de dollars pour l’État.

Bien que la déconstruction soit plus coûteuse que la démolition pour les propriétaires, ces derniers peuvent souvent récupérer les coûts en vendant les matériaux revalorisés. « En outre, les matériaux de construction récupérés sont souvent plus abordables que les matériaux neufs, ce qui facilite l’accès au logement des ménages à faibles revenus », selon l’équipe de recherche.

De plus, la déconstruction est une solution locale : les fonds ont tendance à circuler au sein de la communauté, et le secteur de la construction devient moins vulnérable aux perturbations des chaînes d’approvisionnement internationales complexes, comme celles qu’on a vues au plus fort de la pandémie de COVID-19.

« Bien que la réutilisation soit le résultat idéal, vu la nature plus minutieuse de la déconstruction, celle-ci améliore aussi le rendement du recyclage des matériaux qui ne peuvent pas être réutilisés », ajoutent les scientifiques. En effet, les différents types de matériaux de construction sont triés à la source, « ce qui fournit ensuite des matières premières plus homogènes aux recycleurs ».

Enfin, la réduction des émissions de carbone intrinsèques, c’est-à-dire celles qui sont contenues dans la structure et les matériaux d’un bâtiment, plutôt que celles qui résultent de son utilisation (Si apre in una nuova finestra), présente des avantages considérables pour le climat. « La réutilisation de bâtiments ou de matériaux existants permet de réduire les émissions [intrinsèques], souvent jusqu’à 75 % par rapport à la démolition et à la construction de nouveaux bâtiments, car la réutilisation élimine les étapes les plus émettrices de l’extraction et de la fabrication », fait valoir l’équipe de recherche.

Certaines initiatives à l’échelle des municipalités, de l’État de New York et du pays ont encouragé la déconstruction et la réutilisation des matériaux, mais il faut redoubler d’efforts, selon l’équipe de recherche. Elle présente plus d’une vingtaine de politiques qui pourraient faire progresser la déconstruction, notamment la mise en place d’un programme de certification et de formation pour les entrepreneurs, la révision des codes du bâtiment pour permettre et même encourager la réutilisation des matériaux, et la mise en œuvre d’une surtaxe sur l’élimination des matériaux de construction.

Source : Heisel F. et coll. (éd.) Constructing a Circular Economy in New York State: Deconstruction and Building Material Reuse (Si apre in una nuova finestra). Ithaca, NY, Cornell Circular Construction Lab, Cornell Just Places Lab et CR0WD, 2024.

Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/10/circular-construction-could-be-a-huge-boon-for-climate-and-jobs/ (Si apre in una nuova finestra)

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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (Si apre in una nuova finestra). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (Si apre in una nuova finestra), la Durabilité à l’Ère Numérique (Si apre in una nuova finestra) et le pôle canadien de Future Earth (Si apre in una nuova finestra).

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