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Golden Spin Zagreb : les Français sont en forme !

© I.S.U.

Eclipsée par la Finale du Grand Prix à Grenoble en raison d’un chevauchement de dates, le Challenger Serie Golden Spin de Zagreb, s’est déroulé du 5 au 7 décembre. C’est l’une des plus anciennes compétitions du calendrier I.S.U., cette édition était la 56ème ! Les patineurs français s’y sont distingués.

A commencer par François Pitot, second du programme libre (155.72), et médaille de bronze ! La compétition messieurs connaît plusieurs bouleversements entre les deux segments de la compétition. Dans le court, François est 6ème (73.72), avec un “Libertango” qui comporte deux erreurs : une mauvaise carre à la réception du triple flip d’entrée, et un triple Axel aux GOEs dégradés. Il décroche cependant son Season Best. Ce n’est pas le dernier, et devant lui figurent des pointures comme les frères Selevko qui évoluent à domicile, l’Estonien Arlet Levandi et le Géorgien Nika Egadze. François va faire un bond de quatre places dans le libre ! Il est 2ème avec 155.72. Il signe un nouveau Season Best mais aussi son record personnel. Et ce n’est pas fini : il obtient également un Season Best et un record personnel pour son total de 229.44 ! Rares sont les moissons aussi complètes en une seule compétition !

Dans la fratrie Selevko, Aleksandr est l’aîné. On se souvient de son excellente 2ème place des derniers championnats d’Europe, tandis que Mihhail s’effondrait au 30ème rang. Les deux frères alternent en tête du championnat national estonien depuis 2019, ils en ont tous les deux remporté trois chacun. A Zagreb, le cadet (mais le plus grand avec son mètre 79), prend l’avantage dès le court avec 86.20 et un quarter sur le quad de sa combinaison de boucles piqués. Aleksandr suit de près avec 83.39, et une chute à la réception du triple Axel. Dans le libre, où François Pitot est venu jouer les trouble-fêtes, Mihhail reste en tête (151.17), tandis que le “petit” frère (en taille) rétrograde d’un rang pour cause de multiples quarters, assortis d’une nouvelle chute, toujours sur le triple Axel. L’aîné est le vainqueur de cette compétition (245.06), le cadet est second (234.56). Eux aussi raflent au passage leur Season et Personal Bests respectifs, sauf le SB du court pour Aleksandr, qui reste celui du Grand Prix de France. Sur la patinoire où se dérouleront prochainement les championnats d’Europe, hier, Mihhail a d’ailleurs empoché un nouveau titre national, plus de 20 points devant son cadet.

Nika Egadze, 4ème de ses deux Grand Prix cet automne, Skate America et Coupe de Chine, loupe le podium de plus d’une dizaine de points (217.01), après un programme court sans netteté - une chute, deux quarters et un dépassement de temps - (5ème) et un libre plus réussi (4ème), mais agrémenté d’une chute sur le triple boucle piqué. Pour le troisième Estonien en lice, Arlet Levandi, c’est l’inverse : un court de bonne qualité, à peine entaché d’un quarter et d’une carre douteuse (4ème) ; et un libre en dents de scie (5ème), marqué par toute la panoplie des erreurs possibles, sauf la chute : quarters, sous rotation, dégradation d’une combinaison, carre douteuse et “edge”. Vladimir Samoilov, moscovite dont le fait d’arme le plus connu est d’avoir été 8ème aux Euros, a représenté la Russie jusqu’en 2019, puis est devenu polonais en 2021. Il s’entraîne… à Milan, où l’ancien patineur Ivan Righini chorégraphie ses programmes. Un Ivan Righini né, lui aussi, à Moscou, et qui a représenté la Russie sous le nom d’Ivan Bariev jusqu’en 2012, avant de patiner pour l’Italie (Righini est le nom de jeune fille de sa mère). Il faudrait parfois une balise GPS pour suivre tout le monde ! Notre néo-Polonais est 3ème du court avec un triple Axel gratifié d’une ligne de GOEs à -5, mais 7ème du libre, avec un score technique truffé de signes négatifs. Il est 6ème au final (207.75). Derrière lui figurent deux Israéliens : un que l’on connaît bien, Mark Gorodnitsky, puisqu’il fréquente le circuit international depuis la saison 2017/2018 ; l’autre, plus jeune de cinq ans, qu’on connaît moins : Lev Vinokur. Lev est né en Russie, a suivi sa famille en Israël, et s’entraîne à présent à Hackensack au New Jersey, tandis que son compatriote, né au Canada, est resté s’entraîner dans sa ville natale Richmond Hill. L’écart de points entre les deux Israéliens est particulièrement réduit : 199.86 contre 199.83 ! Le Monégasque Davide Lewton-Brain est 12ème avec 179.58. Puisque nous en sommes aux considérations géographiques, David est né à Nice d’une mère italienne et d’un père britannique, et s’est longtemps entraîné à Annecy, avant de s’envoler pour l’Allemagne, Oberstdorf et Michael Huth, connu pour avoir coaché Carolina Kostner.

Le programme court dame est mené par une Bradie Tennell très en forme (68.32). Bradie a quitté Nice où elle avait élu domicile en 2022, et travaille désormais seule aux Etats-Unis, avec l’aide de Benoît Richaud via Internet. Son programme libre souffre de quelques coûteuses erreurs : une carre de travers, trois sous rotations, un quarter, une chute. Elle recule à la 3ème place de ce libre et de la compétition (191.10). Sa compatriote Alysa Liu, qui l’a talonnée de très près lors du court (68.06), la distance aisément dans le libre (139.65) pour gagner la compétition (197.71). La Belge Nina Pinzarrone, médaille de bronze aux derniers Euros, termine à la 2ème place (193.49), après avoir été 3ème vendredi et 2ème samedi, avec de meilleurs composantes qu’Alysa Liu. Léa Serna prend une très belle 4ème place (191.10), derrière des patineuses qu’elle avait rarement approchées d’aussi près jusque là. 4ème des deux épreuves, elle réalise deux programmes solides : un court très propre, à peine une petite faute de carre, et un libre au score technique plus élevé que celui de Bradie Tennell. Je la trouve sous-notée en composantes comparée à l’Américaine. La seconde Française engagée, Maïa Mazzara, victime d’une chute dans le court et de trois dans le libre, assorties d’une combinaison dégradée, semble avoir beaucoup de mal à se remettre d’une blessure contractée il y a deux ans, et finit 21ème (118.83).

Trois duos français sont présents dans la compétition couple, ce qui est un record : Camille et Pavel Kovalev, Aurélie Faula et Théo Belle, et la toute nouvelle association Tilda Alteryd et Noël-Antoine Pierre (ancien partenaire de Coline Keriven). Tilda est née au Vietnam, a pour domicile Lidköping en Suède, et a préalablement patiné pour le Canada associée à Gabriel Farand, avec qui elle a été 8ème des championnats nationaux. Tilda et Noël-Antoine ont choisi deux programmes très mélodiques mais différents : “Your Heart is as Black as Night” de Melody Gardot et “Wait” de M83. Leur libre est mieux réussi que leur court, malgré un simple Axel (donc invalide) et une chute sur le triple Salchow lancé. Leur association est très récente, tous les automatismes ne sont pas encore acquis. Ils sont 12èmes avec 118.67. Camille et Pavel sont en retard. Au sens propre : ils écopent d’une déduction pour dépassement de temps dans chacun de leur programme. Chute à la réception du triple boucle piqué lancé dans le court, chute dans la spirale de la mort dedans arrière lors du libre, c’est dommage car les autres éléments sont presque tous nets. 5èmes des deux épreuves, ils ne sont que 6èmes au final (158.45). Aurélie et Théo sont juste derrière leurs aînés (154.69). Il s’agit là d’un très bon résultat pour un couple associé depuis seulement deux ans. Ioulia Chtchetinina et Michal Wozniak gagnent cette Golden Spin (185.50) avec une bonne avance sur les Américains Emily Chan et Spencer Howe (177.70). Les Américains mènent le court, les Polonais mènent le libre. Emily et Spencer essuient une chute dans chaque prestation, Ioulia et Michal ont un libre propre, moins quelques GOEs négatifs. Ils se sont associés en 2023 et Ioulia, née russe, a grandi en Suisse pour laquelle elle a patiné, avant de changer pour la Hongrie puis de passer à la Pologne. Le couple s’entraîne à Berlin. Leur coach, Nolan Seegert, est l’ancien partenaire de Minerva-Fabienne Hase. Audrey Shin et Balazs Nagy des U.S.A. (Balazs est né en Hongrie), entraînés par Meagan Duhamel et Bruno Marcotte, sont 3èmes (170.21) après un court très correct et un libre qui l’est un peu moins. Parmi les couples, on retrouve un ancien patineur individuel autrichien, très grand par la taille (1m90), Luc Meierhofer, à présent associé à l’Américaine Gabriella Izzo.

En danse, pas de participation française, Lou Terreaux et Noé Perron ayant déclaré forfait. Les Britanniques Phebe Bekker et James Hernandez remportent la compétition (181.80). Ils sont entraînés aux Etats-Unis par leurs compatriotes et anciens danseurs, Penny Coomes et Nicholas Buckland. Depuis leur association en 2018, on nous promet monts et merveilles de la part des Géorgiens Diana Davis et Gleb Smolkin. Est-ce parce que Diana est la fille d’Eteri Tutberidze, célèbre et redoutable coach russe ? Ou parce qu’ils ont finalement été admis au sein de la Ice Academy of Montreal ce printemps après moult péripéties ? Diana et Gleb sont de très bons danseurs et ont effectivement réalisé de gros progrès sous la houlette du team Dubreuil-Lauzon-Haguenauer-Denis. Mais pour l’instant, si leurs résultats sont tout à fait honorables, pas non plus de feu d’artifice ou de révolution à l’horizon. Ils ont cette année deux programmes équilibrés et aboutis. Ils sont 3èmes de la danse rythmique avec un erreur dans le porté rotationnel, puis seconds de la danse libre, 2ème place qu’ils vont garder (179.31). Sur le papier, on les imaginait gagnants. Mais cette erreur sur le porté de la RD aura été coûteuse, même si le score technique de leur danse libre est supérieur à celui des Britanniques. Les Allemands Jennifer van Rensburg et Benjamin Steffan, récemment vus au Trophée N.H.K., sont 3èmes (177.64), devant les jeunes Américains Leah Neset et Artem Markelov, présents au Grand Prix de France. A noter lors de cette compétition, la présence de quatre nations très rares dans le patinage : Chypre avec Kudryastveva/Karankevich (en fait les patineurs sont russes, et s’entraînent en Italie) , gagnants du bronze au Grand Prix Junior Baltic Cup il y a trois ans ; le Brésil avec Pallu-Neves/Palazar (le couple réside aux U.S.A.) ; le Mexique avec Stanley/Urano qui débutent sur la scène internationale cette saison (la jeune femme est américaine) ; et enfin l’Equateur avec Palomeque/White, eux aussi nouveaux venus, et qui s’entraînent au Canada.

Kate Royan

Résultats avec scores détaillés (Opens in a new window)

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