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Championnats de France Elite 2024 Annecy - Interview Natacha Lagouge et Arnaud Caffa, des gens heureux !

© Kate Royan
© Kate Royan

Avec une seconde place au Bavarian Open ainsi qu’à la Santa Claus Cup, et une 8ème place au Grand Prix de France où ils se sont offert le luxe de battre les Villardiens Dupayage/Nabais de près de 9 points, Natacha et Arnaud ont entamé la saison en fanfare. Je les rencontre alors qu’ils viennent de terminer leur premier entraînement des Championnats de France à la patinoire Jean Régis d’Annecy.

Patinage Magazine : Vous avez déjà participé à plusieurs compétitions internationales cette saison, quel bilan en tirez vous ?

Natacha Lagouge : Nous sommes très contents ! Nous avons été très réguliers, que ce soit en compétition ou lors des entraînements. C’est quelque chose dont on se nourrit et qui nous renforce dans l’idée que notre direction de travail est la bonne.

P.M. : Vous vous entraînez à plein temps en Finlande ?

Arnaud Caffa : Principalement pendant la partie haute de la saison, environ de juillet à février en fonction de la date de fin de saison. Ensuite au printemps, on voyage et on découvre !

P.M. : Vous avez deux entraîneurs, Maurizio Margaglio et Neil Brown, qui ont tous deux été danseurs internationaux. Avez-vous déjà regardé leurs programmes passés ?

Arnaud : Oui bien sûr. Je pense à la vidéo iconique de Maurizio et Barbara [Fusar-Poli] aux Jeux Olympiques de Turin en 2006 ! (rires). J’avais regardé les programmes de Neil en premier car nous avons commencé à travailler avec lui avant de travailler avec Maurizio.

Natacha : Nous avons aussi le retour direct à l’entraînement, nous pouvons nous projeter facilement dans ce qu’ils nous demandent de faire.

P.M. : Comment avez-vous choisi vos musiques cette année ? [Abba pour la danse rythmique et pour le libre : How Are You No Really de Jack Isaac / The Ball de Asaf Avidan / Si C’était le Dernier de Diam’s]

Arnaud : Le choix a été très rapide pour la danse rythmique. Nous voulions quelque chose qui nous ressemble le plus possible, et dans lequel nous pouvions nous amuser. A partir de nos propres goûts, nous sommes partis tout de suite sur de la musique des années 70. Et nous nous sommes aussi très vite dirigés vers Abba. C’est festif, fédérateur, ça rassemble tout le monde même après cinquante ans.

Natacha : Pour la danse libre, le champ était plus large. Il était compliqué d’aller dans une seule direction, car nous avions plusieurs idées, très différentes les unes des autres. Chaque mois d’avril, nous organisons notre “échappée” bretonne avec Laurie May, notre chorégraphe. Avec elle, nous ne travaillons pas que sur le patinage, nous explorons tout de multiples directions artistiques.

Arnaud : C’est la période découverte du printemps, une renaissance !

Natacha : Cette année, nous lui avons dit que nous n’avions aucune certitude, à part celle de devoir monter le programme en une semaine. Nous avons essayé des créations chorégraphiques au sol sur des musiques diverses et variées (rires). A la fin de la semaine, notre choix était fait, trois musiques qui s’allient très bien pour composer un programme qui nous plaît.

Arnaud : Lorsque nous avons travaillé avec Laurie, il en est ressorti que nous n’avions pas d’attente particulière en matière de score et de résultat. Plus le programme serait proche de ce que nous sommes, mieux ça irait. Voilà pourquoi cette saison, nos programmes nous ressemblent autant. Nous aimons profiter du processus de création. Nous ne savions pas exactement où nous allions, mais nous avions l’envie d’aimer ce que nous faisions, de nous amuser et de découvrir. A la fin de cette fameuse semaine, comme l’a dit Natacha, les pièces se sont mises en place toutes seules.

P.M. : Depuis que vous patinez ensemble, j’ai remarqué chez vous une particularité : votre sourire, votre joie de patiner. C’est quasiment votre marque de fabrique. C’est dans votre nature d’être heureux ? (rires)

Arnaud : Oui, je pense qu’il y a une part de nature, nous sommes plutôt des gens souriants et joyeux à la base. Pour être honnête, il y a aussi un vrai besoin d’en passer par là, pour trouver un équilibre dans des moments qui ne sont pas forcément propices à la joie. Travailler pour notre propre bonheur à travers des situations qui ne sont pas toujours optimales nous a vraiment donné des outils et même des armes pour chercher à l’intérieur de nous ce qui nous faisait vraiment plaisir, notamment sur la glace et pendant les compétitions. A présent nous avons toujours le sourire, naturellement, sans nous forcer, car ce que nous vivons est notre choix personnel. Nous avons plus de plaisir à vivre le moment présent que la recherche de la réussite.

Natacha : Nous avons pu acquérir beaucoup de moyens différents pour nous connaître nous-mêmes, individuellement, sportivement, artistiquement, ce qui nous permet maintenant de faire les choix qui nous conviennent le mieux. Nous voyons cela comme une forme de liberté.

Arnaud : Nous avons décidé d’être heureux avant les scores, pas après !

P.M. : Je vous ai beaucoup observés par le passé et il m’a semblé que vous accordiez une grande importance à la préparation mentale. Vous avez un remède miracle ? (rires)

Arnaud : Non, le remède miracle n’existe pas. Mais il y a le travail, les ouvertures, les rencontres. Nous avons commencé à travailler avec Laurie May en 2020 [Laurie May (Opens in a new window) est coach artistique, chorégraphe et spécialiste du mouvement]. Elle nous a ouvert les portes sur la connaissance de soi. Nous avons commencé par le développement personnel chacun de notre côté. Puis nous avons inclus cette démarche dans notre travail de danseurs sur glace. Ce travail est devenu notre “préparation mentale”, sans forcément utiliser ces mots-là. Le concept est plus large que ça. Nous voyons les choses à travers un esprit de libération profonde . Nous sommes dans un système extrêmement codifié, basé sur le regard et le jugement des autres. Peu importe le résultat, nous préférons nous affranchir de la validation apportée par un jury ou par le public. Nous préférons privilégier notre liberté. Ca nous a plutôt bien réussi jusque là, y compris au-delà du sport.

P.M. : Nous sommes aux championnats de France, donc nous allons devoir parler un peu de compétition quand même. (rires) Vous avez des objectifs précis ou, fidèle à votre démarche, vous prendrez ce qui viendra ?

Natacha : Nous n’avions pas d’objectifs de points ou de classement en début de saison. Cela n’a pas vraiment changé. Notre but est vraiment de montrer des programmes qui nous correspondent, qui montrent nos différentes facettes, qui transmettent un message, mais aussi des programmes consistants.

Arnaud : La compétition aujourd’hui pour nous est une plateforme sur laquelle déposer qui nous sommes, ainsi que notre travail.

Natacha : Beaucoup de compétiteurs ont besoin d’objectifs pour avancer. Nous, nous avons besoin de passer par un autre chemin. Cette saison nous confirme que, sans être focalisés sur les notes, nous avons réussi à avancer.

Arnaud : Nous sommes conscients que le patinage ne sera qu’une partie de notre vie. Dans dix ans, nous ferons peut-être complètement autre chose.

Natacha : Nous réfléchissons toujours à ce que nous pouvons tirer de nos expériences, et comment nous les transmettront plus tard, dans quelque domaine que ce soit.

Arnaud : Les bons scores, les bons résultats, nous sommes preneurs bien sûr ! (rires) Mais c’est du bonus glané le long du chemin, pas la destination finale.

Propos recueillis par Kate Royan

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