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Grand Prix de France Angers - Libre hommes : le système des vases communicants !

© Alice Alvarez

Adam monte, Boyang descend. Surprise ? Pas vraiment. Depuis les Mondiaux de Montréal, on sait Adam capable de remontées fulgurantes. Depuis treize saisons, on sait Boyang capable de dégringoler comme une poire blette lors d’un libre. C’est exactement ce qui se passe sur la glace d’Angers aujourd’hui.

On ne va pas se mentir, 8ème du programme court, Adam Siao Him Fa doit sa remontada autant à ses talent et combativité qu’aux plantages de ses concurrents. Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. On ne retiendra que le résultat final : il gagne. Le libre d’abord (171.68), la compétition ensuite (246.58). De tous les patineurs, toutes disciplines confondues, ayant choisi la B.O. de “Dune” pour thème, il est celui qui propose le programme le plus original et donc le plus intéressant. Il nous transporte réellement sur une autre planète, au point que, n’ayant pas vu le film, j’ai envie de combler cette lacune au plus vite. Il entame son programme par un quad Lutz, mais éclate le quad boucle piqué qui devait être combiné à un triple. Il en faudrait plus pour le troubler. Triple flip, triple Axel/double Axel en séquence, quad boucle piqué, triple Lutz/triple boucle piqué, triple Axel/Euler/double Salchow. La séquence de pas, dans laquelle il décroche un peu, n’obtient qu’un niveau 3 et des grades d’exécution au ras des pâquerettes ( de-1 à +2). Mais on ne va pas faire les difficiles. Le public hurle de joie devant le backflip placé juste avant les pirouettes. L’attente va être longue puisqu’il reste quatre patineurs à passer sur la glace, mais elle sera récompensée par une très belle médaille d’or. De retour de blessure avec une seule compétition dans les jambes (le Trophée de Nice) , Adam fait, une fois de plus, preuve d’un mental d’acier.

Boyang Jin ne sera pas le seul sur la pente descendante cet après-midi, Tomono et Selevko l’accompagnent fraternellement dans les chutes, offrant au passage une médaille à Shimada et Torgashev. Mais avant cela, au chapitre remontée, Nikolaj Memola en réalise une aussi spectaculaire que celle d’Adam. 10ème du court, l’Italien prend la seconde place du libre ! (158.91). Sur “Mon Dieu” de Piaf et “Song for the Little Sparrow” de Korzeniowski, interprétés par Patricia Kaas, il collectionne les carres douteuses sur ses Lutz, quad et triples. Il ne sera que 6ème du classement général (227.62). Koshiro Shimada gagne deux places, 3ème (153.42), et une médaille d’argent (233.84), avec une “Danse Macabre” sans vraie saveur. Je le trouve extrêmement bien payé en composantes. Au rayon des grands classiques non dépoussiérés, Andrew Torgachev est tombé sur “Shéhérazade” de Rimsky-Korsakov. Après Stromae pour le court, le virage est sec. Son patinage me rappelle celui d’Alexeï Yagudin, mais il est encore loin des qualités d’interprète de l’ancien champion olympique. Pas d’erreur gravissime dans ce programme, mais les GOEs ne sont pas folichons, en majorité des +1 et +2, assortis d’une pirouette invalidée. Tout ceci n’empêche pas Andrew d’être 4ème aujourd’hui (152.10), comme hier, et, par le truchement des points, médaillé de bronze avec un total de 233.64. Mikhail Shaidorov s’offre une première avec la réalisation d’une combinaison triple Axel/quad boucle piqué diversement appréciée par les juges (GOEs de -1 à +3). Ce n’est pas le seul fait inédit du programme. Mikhail réussi à combiner “La Sonate au Clair de Lune” de Beethoven avec… “Take on Me” de A-Ha ! C’est à entendre une fois dans sa vie ! Pas forcément deux. Qui, du grand Ludwig (dans sa tombe) et de Morten Harket, est le plus flatté ? Sans doute pas le premier ! Mais il fallait oser et rien que cela vaut au Khazak un accessit, le culot méritant d’être récompensé. Quarter, carre douteuse, sous rotation, Mikhail est 5ème du libre (151.97), et 4ème de la compétition (231.86). Le Japonais Kazuki Tomono est dans le même point au classement final (231.48) et 6ème du libre (148.03). Lui aussi a choisi un mélange musical particulier : le nasillard “Butterfly” de Dan Wilson, le “Mouvement 11” de Jon Baptiste style piano-jazz, et enfin “I need You” du même auteur sur le mode jazz-rock. Les ingrédients sont difficiles à lier, la sauce ne prend pas. Kazuki s’offre deux belles chutes, la première sur un quad boucle piqué en sous rotation, la seconde sur un quad Salchow en quarter. Adieu rêve de médaille. Solidaire, Aleksandr Selevko chute deux fois lui aussi : sur son premier quad boucle piqué, puis sur le second , prévu en combinaison, donc devenu “rep”. Sa séquence triple flip/double Axel/Axel simple se solde par carre douteuse/quarter/sous rotation. Tout ceci coûte cher, le prix d’une médaille environ. 7ème du libre (140.38), il est aussi 7ème de ce Grand Prix (226.11).

135.89 amènent Luc Economidès à la 8ème place de ce libre, soit une de mieux que la veille, pour le 10ème rang final (205.55). Le Vaujanien d’adoption, très éclectique, passe d’Aznavour à “Interstellar” de Hans Zimmer. Quatre chutes, dont une sur la pirouette finale, envoient Lukas Britschgi au 9ème rang (135.85), mais il se place juste devant Luc au final (205.55). François Pitot, 10ème du libre (134.23), effleure la glace de la main à la réception de son quad Salchow, mais le saut passe. Le triple flip aussi malgré une mauvaise carre. Pas le triple Axel sur lequel il chute, se privant d’une combinaison. Il retente ce triple Axel en milieu de programme, rechute, et reçoit une ligne de -5 pour répétition. Dommage car son programme est très équilibré et le patineur est volontaire et plein de sensibilité. Il est 12ème (183.17). “More Than a Feeling” de Boston me renvoie à mes très jeunes années étudiantes et expédie Boyang Jin au 11ème rang de ce libre (130.93). Dix places de perdues depuis hier… Chute sur quad Lutz, quad boucle piqué en quarter, triple Axel en sous rotation, simple Axel qui sort de nulle pat, triple boucle piqué avec carre douteuse combiné seulement à un double. Peu de GOEs positifs et 15 points de moins en TES qu’en composantes, le total n’est pas brillant. Il est 8ème au total (219.05), mais se rêvait sans doute sur le podium qu’il s’est lui-même rendu inatteignable. Seul Camden Pulkinen fait moins bien que lui dans ce libre, dernier avec 129.12. Mais l’Américain s’intercale entre Luc et François au final pour terminer 11ème (193.60).

Kate Royan

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