Qu’est-ce qui semble le plus vrai : une information qui confirme vos croyances... ou une information répétée sans cesse?
Une seule répétition d’une affirmation erronée sur les changements climatiques suffit à donner un peu plus de crédibilité à ces propos par la suite.
Par Sarah DeWeerdt (Abre numa nova janela)
Selon une nouvelle étude, les déclarations climatosceptiques commencent à paraître plus convaincantes après une seule répétition, même pour les personnes les plus préoccupées par le sujet.
« Nous avons tendance à croire des choses que nous avons déjà entendues ne serait-ce qu’une seule fois », indique Norbert Schwarz (Abre numa nova janela), membre de l’équipe de l’étude et codirecteur du USC Dornsife Mind & Society Center à l’Université de la Californie du Sud, à Los Angeles. « Il est donc important de ne pas exposer les gens à de fausses informations dans l’intérêt d’une "couverture équilibrée" de la question des changements climatiques. »
Norbert Schwarz et ses collaborateurs ont cherché à déterminer lequel de deux phénomènes psychologiques (Abre numa nova janela) est le plus fort en matière de croyances climatiques : le raisonnement motivé, c’est-à-dire la tendance des gens à considérer comme vraies les informations qui confirment leurs croyances actuelles, ou l’effet de vérité illusoire, soit la tendance à considérer comme plus crédibles les choses entendues à répétition.
L’équipe de recherche a mené deux expériences en ligne, l’une avec 52 personnes et l’autre avec 120. Au moins 90 % des personnes qui ont participé à chaque expérience étaient d’avis que les changements climatiques sont réels et causés par l’activité humaine.
On leur a d’abord lu une série d’affirmations comprenant un mélange d’énoncés climatosceptiques (Abre numa nova janela), de faits reposant sur la science du climat et de messages neutres sur la météorologie. Au bout de 15 minutes, on leur a présenté une deuxième série d’affirmations, dont la moitié figurait aussi dans la première série. Il fallait ensuite évaluer les affirmations sur une échelle de 6 points allant de « Tout à fait vrai » à « Tout à fait faux ». Dans la seconde expérience, les personnes participantes ont également classé chaque affirmation dans la catégorie climatosceptique ou scientifique.
Selon l’article publié par Norbert Schwarz, Yangxueqing Jiang (Abre numa nova janela), Katherine Reynolds (Abre numa nova janela) et Eryn Newman (Abre numa nova janela) de l’Université nationale australienne de Canberra dans la revue PLoS ONE, les personnes qui adhèrent à la science des changements climatiques causés par l’activité humaine sont plus susceptibles de croire les déclarations cohérentes avec ces croyances.
Toutefois, la répétition des affirmations fondées sur la science du climat et de celles qui relèvent du climatoscepticisme a augmenté la véracité perçue de ces affirmations dans une mesure similaire, a constaté l’équipe de recherche.
« Une seule exposition à une affirmation erronée sur les changements climatiques suffit pour donner un peu plus de crédibilité à ces propos par la suite, affirme Norbert Schwarz. C’est le cas même pour les personnes qui soutiennent fermement la science du climat et qui peuvent reconnaître la nature climatosceptique d’une affirmation lorsqu’on leur pose explicitement la question. »
L’effet de vérité illusoire est bien connu, mais il a surtout été étudié dans le contexte des connaissances ayant un faible enjeu au quotidien. Jusqu’à présent, on ne savait pas exactement comment cet effet se traduirait en cas de conflit avec les convictions profondes des gens.
« Nous pensions que les personnes ayant des convictions fondées sur la science du climat seraient moins influencées que les autres, mais ce n’était pas le cas », précise Norbert Schwarz.
L’étude actuelle évalue seulement l’influence de la répétition sur ce que les gens croient être vrai au sujet des changements climatiques – et non les changements de comportement, ajoute le chercheur. D’autres études sont également nécessaires pour déterminer comment l’effet de vérité illusoire se manifeste dans le contexte des croyances sur d’autres sujets brûlants comme l’immigration et les soins de santé, de même que sur la façon dont les climatosceptiques réagissent (Abre numa nova janela) à la répétition des preuves scientifiques sur le climat.
« Notre travail de suivi consistera à déterminer s’il existe des conditions dans lesquelles les personnes qui soutiennent fermement la science du climat sont moins vulnérables à l’effet observé », conclut Norbert Schwarz.
Source : Jiang Y. et coll. Repetition increases belief in climate-skeptical claims, even for climate science endorsers (Abre numa nova janela). PLoS ONE 2024.
Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/08/what-seems-most-true-information-that-confirms-your-beliefs-or-information-repeated-over-and-over/ (Abre numa nova janela)
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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (Abre numa nova janela). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (Abre numa nova janela), la Durabilité à l’Ère Numérique (Abre numa nova janela) et le pôle canadien de Future Earth (Abre numa nova janela).