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Grand Prix de France Angers - Libre dames, Glenn gagne…

© Alice Alvarez

Amber Glenn a la réputation de ne pas tenir ses libres, réputation qui se vérifie, en partie, aujourd’hui. Sur les presque 13 points d’avance engrangés dans le programme court, elle en perd 6,8. Au vu de sa prestation, les choses auraient pu être pires, et il lui reste tout de même une belle avance. Sur le joli “I Will Find You - The Return” d’Audiomachine, elle loupe d’entrée son fameux triple Axel, retourné et réceptionné une main sur la glace. Les combinaisons triple flip/triple boucle piqué et triple Lutz/double boucle piqué passent, la seconde est un peu heurtée, et la préparation de la première est trop lente. Aucun problème avec le triple Salchow, ni avec triple boucle/double Axel en séquence. Amber chute ensuite sur le triple flip, puis touche la glace de la main sur le triple boucle qui est dégradé. Heureusement, le programme est cohérent de bout en bout. Passer sur la glace juste après une Wakaba Higuchi éblouissante était un handicap psychologique qui n’aura pas amoindri son assurance. Seulement 3ème du libre (132,30), l’Américaine remporte son premier Grand Prix (210.44).

Wakaba Higuchi va commettre quelques erreurs, mais sa prestation n’en demeure pas moins magnifique. “Nature Boy” et une version lyrique du “Running Up That Hill” de Kate Bush servent parfaitement son élégance et sa sensibilité. Et elle a effectivement une petite colline à escalader… Elle s’y attaque avec double Axel, triple Lutz/double boucle piqué (en quarter), triple boucle impeccable, triple Salchow de nouveau en quarter, un parfait triple Lutz/double Axel/double boucle piqué en séquence. Sa vitesse de rotation donne le vertige. Son triple flip a une carre douteuse, mais sa séquence de pas, récompensée par des GOEs +4, est un véritable régal ! Rien n’est à jeter dans ce programme de feu. Même si elle n’a pas toutes les cartes en main, le résultat final dépendant des prestations de ses concurrentes, Wakaba se bat jusqu’au bout pour s’assurer la place la plus haute possible sur le podium. Elle gagne le libre (139.10) et finit médaillée d’argent (206.08).

Vêtue d’une robe chamarrée et croulant sous les paillettes qui doit pouvoir clignoter dans le noir, sur “Adiemus” de Karl Jenkins, Rion Sumiyoshi est la seule femme ici à tenter un quadruple. Quadruple boucle piqué en sous rotation qu’elle réceptionne sur deux pieds, immédiatement sanctionné par des -5. La combinaison double Axel/triple boucle piqué précédente est passée sans souci, il en est de même pour triple boucle et triple Salchow. Petits accrocs sur triple Lutz/triple boucle piqué en sous rotation, et triple flip en quarter, mais la combinaison triple flip/double Axel/double boucle piqué est nickel. Rion 2ème du libre (134.47) monte allègrement sur la 3ème marche du podium (201.35).

Sarah Everhardt est 4ème du libre (129.99) et 5ème au classement général (196.94). Après Riverdance, “l’Oiseau de Feu” de Stravinsky n’est pas un choix très judicieux. Il vaut mieux réserver ce classique à des patineuses d’expérience, d’autant plus qu’il est ardu à exécuter. Sarah est plus raide, moins à l’aise qu’hier sur cette musique qui l’écrase. Le programme, d’où les transitions sont toujours cruellement absentes, est néanmoins propre, à part une vilaine carre et deux quarters. Chaeyeon Kim prend la 4ème place au final, ratant les 200 points d’un dixième. Son libre (5ème/129.09) est en demi-teinte. Son thème du Cirque du Soleil est illustré par une robe dorée façon papillote (Noël est pour bientôt). Quarter pour le triple boucle, lourde chute sur triple Lutz/triple boucle piqué, sous rotation du double Axel en séquence avec triple Lutz, “edge” et quarter pour le triple flip, ce programme, où seul le triple Salchow est réussi, comporte beaucoup de déchet. Envolée la médaille entrevue la veille.

Si June, alias “La Servante Ecarlate”, avait eu le droit de danser, elle l’aurait sans doute fait comme Nina Pinzarrone, avec émotion et délicatesse. Ce libre est l’une des plus jolies réalisations de la saison. Entre sous rotations, quarters et une chute sur le triple Lutz, Nina perd hélas beaucoup de points. Elle est 6ème de ce libre avec 121.95 et à la même place au final (184.67). Anastasiia Gubanova n’aura pas eu de chance dans ce Grand Prix. Après un programme court pour lesquels les juges se sont montrés très sévères, le libre est en dessous de la valeur de la néo-Géorgienne. Sur les doux et un peu tristes “Balder” et Freya” de Christian Reindl, ses composantes sont basses et ses GOEs très moyens. La moisson est maigre et la patineuse n’est que 7ème du libre (116.44) pour une 8ème place finale (173.21). Mai Mihara la suit (8ème/113.81) avec un programme mitigé sur “Le Violon Rouge” de Ikuko Kawaï, un “Arenjuez” version musique d’ascenseur assez pénible à l’oreille. Mia, gagnante de la Finale du Grand Prix en 2022, obtient un total de 174,93 points, se classant 7ème. Ses sous-rotations et quarter signent une performance inférieure à son niveau habituel, avec des composantes dépassant de plus de sept points son TES.

Sur le “Prélude à l’Après-Midi d’un Faune” de Debussy, Lidia Kaiser multiplie les sauts “Tano” (un bras en l’air) et “Rippon” (les deux). Lever les bras rend le saut plus difficile, mais trop de Tano tue le Tano, idem pour le Rippon. Ce libre est cependant plus intéressant que le court, la patineuse est plus élégante grâce à de jolies lignes. Un retournement sur le triple flip, une pirouette invalidée et une autre dégradée sont sanctionnés. Son libre plafonne à 109.92 (9ème). Elle est également 9ème au classement général (168.27). Les trois Françaises sont respectivement 10, 11 et 12èmes au final. Lorine Schild, sur la bande originale de “La Femme Lion”, voit son triple Lutz, prévu en combinaison, en GOEs négatifs, commet une faute de carre sur le triple flip, passe une combinaison triple Lutz/triple boucle piqué en sous rotation, et tombe sur le triple boucle. Tout ceci coûte cher et c’est fort dommage car Lorine ne cesse de progresser en grâce et en fluidité. 10ème du libre (107.81), elle conserve la même place au général (164.32). Léa Serna n’est qu’à un peu plus d’un point (106.13) pour le 11ème rang (160.91). On ne le dira jamais assez, Léa a tout pour faire partie des meilleures : la personnalité, la sensibilité, la technique, la créativité, l’élégance. Seul le mental pêche. Son libre sur “Exogenesis” et “Uprising” de Muse, la deuxième partie en particulier, lui va à ravir, comme une robe sur mesure. Une chute sur le triple Lutz est sanctionnée par une ligne de -5, mais elle se reprend très bien, ce qui est à saluer, car par le passé, elle a eu tendance à baisser les bras après une grosse erreur. D’ailleurs, des erreurs, elle n’en commet que peu : un “edge”, un déséquilibre et une pirouette invalide. Lorsque le programme aura plus de kilomètres dans les patins, tout ira certainement mieux. Clémence Mayindu a la malchance d’être trahie par tous ses sauts qui écopent tous de grades d’exécution négatifs. Mais elle se relève courageusement de ses deux chutes (triple flip et double Axel) pour réaliser une prestation honorable sur “Ne me Jugez Pas” de Camille Lellouche et “Kaléidoscope” d’Adrian Berenguer. Elle est 12ème du libre (76.79) et de la compétition (121.43). Sélectionnée très tard en remplacement de Maïa Mazzara, la jeune femme participait à son premier Grand Prix. De quoi être un peu fébrile.

Kate Royan

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