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Des chercheurs augmentent le rendement du poulet cultivé en laboratoire et en réduisent nettement les coûts : une première

Une équipe de recherche a cultivé des cellules de viande de poulet à une densité quatre fois supérieure à celle des cellules cultivées dans les systèmes de bioréacteurs classiques, ce qui permet d’en ramener le prix au niveau de celui de la viande biologique.

Par Emma Bryce (Si apre in una nuova finestra)

Nous avons l’esprit d’innovation et les outils nécessaires pour produire de la viande de culture (Si apre in una nuova finestra), mais nous n’avons pas la capacité de le faire à grande échelle. Cela a freiné la technologie et l’a rendue inabordable pour la production commerciale. 

Mais une équipe de recherche a trouvé un moyen de franchir cet obstacle et d’augmenter le rendement de la production de poulet cultivé en laboratoire, permettant d’abaisser son prix à celui de la viande biologique. 

Leur réussite repose sur une nouvelle méthode de culture des cellules animales propice à leur croissance continue, ce qui la distingue des méthodes plus laborieuses faisant grimper les coûts. Les techniques classiques consistent à cultiver des cellules animales dans des bioréacteurs constamment agités. Ces bioréacteurs sont énormes – environ 15 000 litres chacun –, mais les cellules ne peuvent pas être cultivées à des densités élevées parce que les déchets de leur production s’accumulent trop rapidement, ce qui limite la production.

L’autre voie décrite par l’équipe dans une étude de Nature Food (Si apre in una nuova finestra) est une méthode appelée perfusion, à savoir le flux continu d’un milieu liquide à travers une membrane sur laquelle les cellules se développent : cela leur procure un apport constant de nutriments dont elles ont besoin pour survivre, et permet également aux déchets d’être transportés et recyclés à travers le système. Les chercheurs peuvent également empiler les membranes de croissance afin d’augmenter leur surface active.

En testant le système, l’équipe de recherche a constaté qu’elle pouvait cultiver des cellules de viande de poulet à une densité quatre fois supérieure à celle des systèmes de bioréacteurs classiques. Sans qu’il soit nécessaire de l’arrêter pour le nettoyer, le système en fonctionnement continu a produit de multiples récoltes au cours de l’expérience de 20 jours. La productivité correspondait à 43 % du poids par volume, ce qui signifie que pour 100 ml, 43 ml étaient des cellules cultivées. Les chercheurs ont noté que ce résultat était supérieur de 30 % à la production obtenue avec les précédents systèmes de filtration qu’ils avaient mis au point.

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Une autre innovation réside dans l’utilisation d’un milieu cellulaire ne contenant aucun ingrédient d’origine animale. Habituellement, le poulet cultivé se développe dans un sérum riche en nutriments provenant du sang de poulets vivants : ce sérum est un facteur de coût extrêmement important dans la viande cultivée, puisqu’il représente de 40 % à 60 % du prix de production. C’est pourquoi, lorsque l’équipe a trouvé un moyen de fabriquer un milieu entièrement exempt de substances animales, composé de sucres appelés cyclodextrines et d’autres ingrédients, elle a su qu’elle serait en mesure de réduire considérablement les coûts. 

Ces travaux ont débouché sur la dernière partie de l’étude : une analyse visant à déterminer dans quelle mesure cette invention serait rentable dans le monde réel. L’équipe a modélisé la production prévue d’une installation de 50 000 litres (considérée comme assez petite selon les normes de l’industrie) et a constaté qu’elle pourrait produire plus de 2 millions de kilogrammes de poulet cultivé chaque année. À cette échelle, et grâce à la réduction du prix des intrants et à une production plus rapide, il serait possible de produire du poulet de culture à un coût de 15 dollars le kilogramme. C’est à peu près le même prix que le poulet biologique acheté en magasin aux États-Unis.

On est peut-être encore loin de trouver du poulet cultivé dans les rayons des magasins, mais cette étude représente une avancée importante en ce sens. Cette quête est d’autant plus justifiée à la lumière de ces éloquentes données : « On estime que la production de viande cultivée utilise 80 % moins d’eau et de 35 % à 67 % moins de terres que l’agriculture conventionnelle », indique-t-on dans l’étude. 

Nahmias et coll. Empirical economic analysis shows cost-effective continuous manufacturing of cultivated chicken using animal-free medium (Si apre in una nuova finestra)Nature Food, 2024.

Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/09/in-a-first-researchers-scale-up-cultured-chicken-and-dramatically-curb-its-cost/ (Si apre in una nuova finestra)

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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (Si apre in una nuova finestra). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (Si apre in una nuova finestra), la Durabilité à l’Ère Numérique (Si apre in una nuova finestra) et le pôle canadien de Future Earth (Si apre in una nuova finestra).

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