L’internaute moyen passe 3 230 heures en ligne chaque année. Voici son empreinte carbone.
Une nouvelle analyse indique que la décarbonisation du réseau électrique et la prolongation de l’utilisation des appareils électroniques pourraient réduire l’impact environnemental des activités numériques.
Par Sarah DeWeerdt (Si apre in una nuova finestra)
Selon une nouvelle analyse, l’internaute moyen passe 40 % de son temps éveillé en ligne, et ses activités sur Internet représentent 40 % de son budget carbone. Selon cette étude, la décarbonisation de l’électricité et la prolongation de la durée de vie des appareils électroniques pourraient contribuer à limiter les effets de l’utilisation d’Internet sur le climat.
Le contenu numérique étant désincarné, il est facile de supposer qu’il a peu d’incidence dans le monde réel. Toutefois, récemment, des chercheurs ont commencé à quantifier les effets étonnamment importants sur le climat des technologies numériques comme les centres de données mondiaux (Si apre in una nuova finestra), les vidéoconférences (Si apre in una nuova finestra) et les cryptomonnaies (Si apre in una nuova finestra).
La nouvelle étude apporte un éclairage sur le sujet qui manquait jusqu’à présent : une analyse ascendante des effets des activités numériques sur le climat et de leur contribution à l’empreinte carbone individuelle.
Les chercheurs ont mené une évaluation du cycle de vie de toutes les infrastructures et de l’électricité nécessaires pour soutenir les activités en ligne de l’internaute moyen : 3 230 heures de consommation de contenu numérique par année, dont 730 heures de navigation sur le Web, 894 heures de médias sociaux, 833 heures de diffusion vidéo en continu, 566 heures de diffusion de musique en continu et 207 heures de vidéoconférence sur des téléphones intelligents, des tablettes, des ordinateurs portables, des ordinateurs de bureau et des téléviseurs.
« Nous adoptons une approche de bout en bout qui tient compte de l’extraction des matières premières, de la fabrication, de la distribution, de l’exploitation et de la gestion en fin de vie de tous les principaux composants du réseau Internet, y compris les centres de données, les réseaux de transmission de données, le matériel d’abonné et les appareils des utilisateurs finaux », expliquent les chercheurs dans un article publié dans la revue Nature Communications.
Selon eux, la consommation numérique d’un internaute moyen entraîne l’émission de 229 kg de dioxyde de carbone par année. Ce chiffre représente environ 3 à 4 % des émissions moyennes de gaz à effet de serre par habitant, ce qui confirme l’intuition de la faible incidence sur le monde physique de l’éther de l’Internet.
Cependant, si l’on considère ces chiffres à la lumière de la juste part des émissions de carbone d’une personne, le tableau est beaucoup plus sombre. Selon l’Intergovernmental Panel on Climate Change, le budget carbone restant pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C n’est que de 501 kg de dioxyde de carbone par année. L’utilisation actuelle d’Internet absorbe en moyenne 41 % de ce budget.
Les chercheurs ont également calculé l’effet de la consommation numérique par rapport à la capacité de charge de la planète, c’est-à-dire la quantité d’extraction que les systèmes terrestres peuvent tolérer sans subir de changements irréversibles, et ce, pour 15 autres indicateurs. L’utilisation moyenne d’Internet absorbe 55 % de la juste part des ressources minérales et métalliques de la planète, ainsi que 20 % de la capacité de charge par habitant en ce qui a trait à la pollution de l’eau douce par les nutriments et plus de 10 % de la capacité de charge par habitant en ce qui a trait à la pollution marine par les nutriments, à la pollution de l’air par les particules, à l’écotoxicité et à l’utilisation des ressources fossiles.
« Dans l’ensemble, ces résultats donnent à penser que dans certaines catégories d’effets, la consommation d’Internet pourrait laisser peu de place aux effets découlant des besoins fondamentaux comme l’alimentation et le transport (rappelons que toutes les activités anthropiques devraient avoir lieu conjointement dans l’espace de fonctionnement sécurisé défini par la capacité de charge de la Terre), ce qui soulève des inquiétudes quant au degré de durabilité du système actuel », écrivent les chercheurs.
L’électricité, tant pour la fabrication que l’utilisation des appareils électroniques, est le facteur qui contribue le plus aux effets de l’utilisation d’Internet sur le climat. La décarbonisation du réseau électrique est donc une stratégie puissante, susceptible de réduire l’empreinte carbone de la consommation de contenu numérique à seulement 12 % de la capacité de charge par habitant.
Toutefois, la décarbonisation du réseau ne diminuerait pratiquement pas l’effet de l’Internet sur les ressources métalliques et minérales. La réduction de l’utilisation des ressources passe par la réduction de la quantité de matériaux extraits pour la fabrication des appareils électroniques, en prolongeant la durée de vie des appareils ou en recyclant les minéraux et les métaux (Si apre in una nuova finestra) qu’ils contiennent. « Doubler la durée de vie des appareils électroniques permettrait de réduire l’utilisation des ressources minérales et métalliques de 55 % à 29 % de la capacité de charge par habitant », écrivent les chercheurs.
Source : Istrate, R. et coll. « The environmental sustainability of digital content consumption (Si apre in una nuova finestra). » Nature Communications. 2024.
Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/05/the-average-internet-user-spends-3230-hours-online-every-year-heres-the-carbon-footprint-of-that/ (Si apre in una nuova finestra)
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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (Si apre in una nuova finestra). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (Si apre in una nuova finestra), la Durabilité à l’Ère Numérique (Si apre in una nuova finestra) et le pôle canadien de Future Earth (Si apre in una nuova finestra).