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Championnats du Monde Boston 2025, danse libre : Et de trois pour Chock/Bates !

© I.S.U.
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Battus par Gilles/Poirier aux derniers Quatre Continents, Madison Chock et Evan Bates n’allaient pas laisser passer l’occasion de remporter une troisième médaille d’or mondiale sur leur propre territoire. “Take Five” est un libre ambitieux, sur une musique connue mais atypique par son tempo, en particulier dans le jazz, même si c’est un standard de ce courant musical. Toute la saison, il s’est dit que ce n’était pas le plus beau libre de leur carrière, mais c’est certainement le plus complexe et le plus difficile. Si je ne suis pas vraiment convaincue par leur RD, l’interprétation de ce programme est parfaite. L’avance engrangée sur les Canadiens dans la RD se réduit, mais Madison et Evan gagnent ce libre sans problème avec un score de 131.88. Devant leur public qui leur offre une standing ovation, ils remportent une jolie médaille d’or (222.06).

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Piper Gilles et Paul Poirier se présentent sur la glace, calmes et déterminés. “A Whiter Shade of Pale” par Annie Lennox et “Tango on the G String” de Rob Colling sont deux jolis morceaux empreints d’un romantisme qui leur va bien, et qui change complètement de leur danse rythmique. Il est toujours bon d’être éclectique, c’est une preuve de talent. Les niveaux sont bons et les grades d’exécution élevés. Ils sont médaillés d’argent, comme l’an dernier à Montréal (130.10/216.54).

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On ne change pas une recette qui gagne. Ou qui du moins permet de très bien se classer, même en commettant des erreurs. Lilah Fear et Lewis Gibson ont opté pour Beyoncé : “Halo”, “End of Time”, “Crazy in Love”. Curieusement, les gradins de Boston ne s’enflamment pas autant qu’ils auraient pu le faire devant le show des deux Britanniques. Les niveaux entre les deux partenaires sont inégaux. Lilah, pour une fois, en obtient un de plus que Lewis dans la serpentine. Une très visible erreur dans le porté circulaire n’est pas sanctionnée. Par contre le porté stationnaire final écope d’une déduction, car trop long. Les notes mettent un temps infini à tomber et dans le Kiss & Cry, l’ambiance se crispe. Ils ne sont que 6èmes du libre (123.25) et se font, l’espace d’une seconde, une belle frayeur ! Mais leur 3ème place la veille suffit à sauver une médaille de bronze, leur première mondiale (207.11).

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Charlène Guignard et Marco Fabbri restent 4èmes (123.42/206.46). Leur programme, très original, sur la musique de Robotboys et Kavinsky (*) aura eu du mal à séduire le public et les juges cette saison, hors championnats d’Europe. Dommage car il est d’une difficulté technique incroyable. Mais cette difficulté a un désavantage : la moindre erreur coûte immédiatement très cher. Or, on sait que la prise de risque est généralement mal récompensée. Charlène et Marco sont logiquement dépités. Charlène : “Nous avons pourtant bien patiné aujourd’hui. C’est difficile à accepter. Nous pensions pouvoir accéder au podium”. Marco : “Nous n’étions pas fatigués, nous avons donné notre maximum. Nous n’avons pas fait d’erreur sur les éléments techniques. C’est difficile de finir la saison ainsi”.

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Christina Carreira et Anthony Ponomarenko gagnent une place par rapport à la RD pour terminer 5èmes du libre comme de la compétition (123.37/204.88). “Carmen Suite” par Rodion Shchedrin est un thème ultra convenu et ce ne sont ni la chorégraphie ni l’interprétation qui le rendent original. Etonnant que l’équipe Scott Moir, Madison Hubbell, Adrian Diaz, Patrice Lauzon n’ait pas imaginé une version plus créative, surtout quand on se souvient du Carmen de Virtue/Moir. Même les parents d’Anthony dans les années 90 nous ont servi un Carmen plus contemporain et donc plus intéressant. Dommage car les deux patineurs ont une technique fiable, une belle glisse et une solide motivation.

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Olivia Smart et Tim Dieck patinent aujourd’hui leur plus beau “Dune” de toute la saison. Le programme a mûri, l’interprétation s’est affinée. Du début à la fin, tous les mouvements sont liés, imbriqués, dans la plus grande fluidité. Dès le début, cette FD a eu un énorme potentiel, elle fleurit de manière explosive à Boston ! Il aurait sans doute fallu la garder pour les Jeux Olympiques, car elle va être difficile à surpasser et même à égaler. Et grâce à cette petite merveille de chorégraphie, de créativité et d’exécution, les Espagnols d’adoption sont 3èmes de la danse libre (123.71) ! Avant même de quitter la glace, ils savent qu’ils ont réalisé un programme de rêve et Tim craque, en larmes avant d’avoir atteint la barrière. Ils sont 6èmes du classement général et franchissent pour la première fois de leur carrière la barre fatidique des 200 points (200,92), gagnant, au passage, treize places dans les rangs mondiaux depuis l’an dernier.

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Marjorie Lajoie et Zachary Lagha, sur “The Sound of Silence” de Disturbed et “Murky Solitude” de Karl Hugo, reculent de trois rangs dans cette FD (8èmes avec 118.64). Ils ne sont que 7èmes du classement général (200.41), et affichent des mines très déçues. On les comprend. 5èmes l’an dernier, ils étaient dans une courbe ascendante et souhaitaient faire au moins aussi bien aujourd’hui. Elle est pourtant jolie cette danse libre, toute en délicatesse avec un Zachary qui joue moins les mourants qu’aux Quatre Continents. Si les niveaux et les GOEs sont bons, les composantes, elles, ne montent pas.

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Evgeniia Lopareva et Geoffrey Brissaud et leurs formidables “Elephant”, “Fugue in D Minor, et “360” de BFRND (aka Loïk Gomez) véritable plongée dans l’espace, restent 9èmes de cette danse libre (117.89), loin des scores récoltés cette saison. Mais ils gagnent une place au classement général et finissent 8èmes (194.63). Geoffrey reste serein. “Ce que nous avons appris ici à Boston ? Que la moindre erreur coûte très cher aux championnats du Monde. Le jury est sévère mais certains de nos éléments n’étaient pas clean. Nous tirons un bilan positif de cette compétition. Toute expérience est bonne à prendre.

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Loïcia Demougeot et Théo Le Mercier ont l’un des libres les plus originaux de la saison, avec “Akram Kahn’s Giselle,” “Desh : Bleeding Sole”, et “Flesh and Bone”, mais n’en seront pas récompensés. Eux aussi restent à la même place que lors de la RD, 15èmes (108.89), ainsi qu’au classement final (181.51). Loïcia est toujours aussi zen : “Nous allons attendre le retour des juges à domicile pour faire le bilan de ces championnats. Mais nous sommes contents de nos prestations même si elles comportaient des erreurs.” Quand je demande au couple s’ils garderont en mémoire leur classement ou leurs émotions, Loïcia répond : “Les deux !” Théo :" “Les points ! figure toi que ça compte ! (rires). Notre pronostic pour les trois premiers ? Chock/Bates, Gilles/Poirier, Guignard/Fabbri”. Perdu… Eux aussi mentionnent l’excellente ambiance dans la patinoire grâce à un public modèle de fair-play.

Mention spéciale pour Juulia Turkkila et Matthias Versluis sur “Bewitched” de Per Störby Jutbring, et “Obcy Astronom” de Grzegorz Ciechowski. Passés au ras du cut, 20èmes de la RD et les tout premiers à entrer sur la glace aujourd’hui dans le premier groupe, ils remontent à une très jolie 7ème place du libre (120.86) avec un programme d’une délicatesse envoûtante. Ils terminent 11èmes (188.95), soit seulement un rang plus bas que l’an dernier.

(*) Pour la petite histoire, Kavinsky est un artiste de musique électro (et acteur) français, comme son pseudonyme ne l’indique pas (son vrai nom est Vincent Belorgey). Son producteur habituel est aussi celui de Daft Punk. Il est l’auteur de “Roadgame”, morceau choisi par l’I.S.U. pour l’entrée et la présentation des patineurs sur la glace et qu’on entend depuis le début de la saison.

Kate Royan

Scores détaillés danse libre (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Classement général (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

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