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Les robots désherbeurs, un élément économique de l’agriculture durable ?

Une nouvelle étude indique que l’automatisation pourrait être l’un de nos meilleurs outils pour lutter contre la propagation des mauvaises herbes résistantes aux herbicides.

Par Emma Bryce (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Les mauvaises herbes résistantes aux herbicides constituent une menace croissante pour les cultures du monde entier, et les agriculteurs et agricultrices devront bientôt trouver une solution de rechange aux herbicides. C’est ici qu’entrent en scène les robots désherbeurs : de petits robots légers qui creusent le sol pour déloger les graines de mauvaises herbes avant qu’elles germent.

Toutefois, malgré le rôle certain des robots désherbeurs dans l’agriculture durable de l’avenir, ils coûtent cher et se heurtent à d’autres obstacles, tels que la méfiance des agriculteurs et des agricultrices à l’égard des nouvelles technologies et leur réticence à les déployer sur leurs terres. Mais en fin de compte, quels seraient les avantages d’introduire ces technologies sur les terres agricoles – pour les agriculteurs et pour l’environnement ?

Afin de répondre à cette question, un groupe de recherche a mené une étude sur les facteurs qui déterminent si les agriculteurs sont disposés à accueillir des robots sur leurs terres. Pour ce faire, ils ont élaboré une simulation complexe incorporant des données écologiques concernant le niveau de résistance aux herbicides des mauvaises herbes (un problème qui s’aggrave avec l’exposition) et des données économiques sur les revenus des agriculteurs et la dynamique du marché. La simulation a également tenu compte du coût des robots individuels, qui peut s’élever à 20 000 $. Les données ont été projetées sur une période de quinze ans selon différents scénarios écologiques et économiques.

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À partir des résultats de la simulation, l’équipe de recherche a dégagé deux approches principales que les agriculteurs sont susceptibles d’adopter pour gérer les mauvaises herbes sur leurs terres à l’aide de robots. Dans la première approche, appelée « gestion à court terme », les agriculteurs sont axés sur les gains à court terme, ce qui signifie qu’ils préfèrent ne pas dépenser d’argent en amont pour acheter des robots qui arpenteront leurs terres. Ils veulent plutôt continuer de se fier aux herbicides, qui coûtent moins cher. 

Mais avec cette approche, la résistance aux herbicides ne cesse d’augmenter; après un certain temps, elle commence à avoir d’importantes répercussions sur le rendement des cultures, puis les agriculteurs en arrivent à un point où ils n’ont d’autre choix que d’essayer des solutions de rechange. C’est ainsi qu’au bout de quatre ans, selon la simulation, ils doivent introduire des dizaines de robots désherbeurs sur leurs terres pour remplacer complètement les herbicides, ce qui coûte très cher.

La deuxième approche, désignée comme étant la « gestion proactive », voit les agriculteurs qui ont peut-être plus d’argent réagir dès les premiers signes de résistance aux herbicides et miser sur les robots. Comme ils commencent le processus lorsque la résistance aux herbicides est peu élevée, ils peuvent procéder à leur rythme, en commençant par répartir quelques robots sur un petit lopin de terre. Un tel désherbage à petite échelle, mais régulier, permet de contrôler la propagation des graines des mauvaises herbes résistantes aux herbicides et compense une partie de l’utilisation des herbicides, qui demeure alors plus limitée et plus efficace. Le problème de la résistance aux herbicides s’en trouve donc réduit. 

Et du côté financier? La simulation montre que la gestion à court terme, qui utilise beaucoup d’herbicides, puis beaucoup de robots, permet d’abord d’économiser en évitant l’achat de robots, mais s’avère plus coûteuse en fin de compte. En outre, elle noie les terres d’herbicides. La gestion proactive, quant à elle, nécessite un plus grand investissement pour commencer mais, à long terme, permet d’accroître les bénéfices des exploitations agricoles. Sur le plan environnemental, une réduction de l’utilisation des herbicides a des avantages évidents pour l’eau et le sol.

Selon le groupe de recherche, la valeur réelle des résultats repose en grande partie sur le fait qu’ils peuvent aider à repérer les agriculteurs moins bien nantis qui sont plus susceptibles d’arroser leurs cultures en difficulté d’herbicides au lieu d’investir dans les robots désherbeurs. Les répercussions vont bien au-delà des exploitations agricoles individuelles, car les graines des mauvaises herbes résistantes aux herbicides peuvent se propager dans les environs. Des subventions pourraient encourager les agriculteurs et agricultrices à déployer leurs premiers robots désherbeurs sur leurs terres.

Source : Madhu Khanna et coll., « Herbicide-resistant weed management with robots: A weed ecological–economic model (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) », Agricultural Economics, 2024.

Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/11/are-robotic-weeders-a-cost-effective-part-of-a-sustainable-farming-future/ (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), la Durabilité à l’Ère Numérique (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) et le pôle canadien de Future Earth (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre).

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