Un pas de plus vers une vache écologique
De tous les types de bétail, les vaches aux pâturages sont les plus grandes émettrices de gaz. Pour la première fois, une équipe de recherche a montré que la consommation d’algues peut réduire leurs émissions de méthane de plus d’un tiers.
Par Emma Bryce (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)
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Pour la toute première fois, un groupe de recherche a montré que le fait d’ajouter des algues à l’alimentation des vaches aux pâturages peut réduire leurs émissions de méthane de près de 40 %.
Cette découverte s’inscrit dans une longue série d’études (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) sur les pouvoirs de neutralisation du méthane des algues rouges et révèle les bienfaits pour l’environnement de l’utilisation de ces algues communes dans l’alimentation des vaches aux pâturages – les plus grandes émettrices de gaz de toutes les vaches.
L’équipe de recherche avait déjà montré que l’espèce d’algues rouges appelée Asparagopsis taxiformis peut réduire les émissions de méthane des bovins en stabulation et des vaches laitières. En effet, cette remarquable sorte d’algue contient des composés qui inhibent l’activité des microorganismes producteurs de méthane dans les intestins du bétail. Depuis des années déjà, elle donne des résultats impressionnants sur les fermes bovines du monde entier où les fermiers et fermières l’incorporent à l’alimentation de leurs animaux.
Jusqu’à présent, les études indiquent que l’ajout d’algues à la nourriture peut réduire les émissions de méthane de plus de 80 % chez les bovins en stabulation et de plus de 50 % chez les vaches laitières.
Toutefois, les vaches élevées principalement aux pâturages représentent un tout autre défi, puisqu’elles sont libres de vagabonder et qu’il est plus difficile d’incorporer des algues à leur alimentation de manière régulière. « La principale critique à l’égard des additifs alimentaires est de ne pas pouvoir les utiliser pour le bétail aux pâturages, qui constitue la majorité des ruminants. Grâce à cette étude, nous montrons qu’il est possible d’ajouter des additifs à l’alimentation des animaux aux pâturages », a affirmé Ermias Kebreab, auteur principal de l’article et professeur d’agriculture durable à l’Université de la Californie à Davis.
Parmi tous les types de vaches, ce sont celles qui sont élevées aux pâturages qui produisent le plus de méthane, car elles consomment davantage de matières fibreuses contenues dans l’herbe, qui sont plus difficiles à digérer et, ainsi, produisent plus de gaz. C’est pourquoi cette nouvelle étude est particulièrement intéressante.
L’expérience a été menée dans un ranch du Montana auprès de 24 vaches. Elles ont été séparées en deux groupes : un groupe qui allait recevoir un additif d’algues rouges sous forme de granules et un groupe témoin qui ne recevrait aucun supplément.
Pendant dix semaines, de la moulée a été distribuée au bétail à l’aide d’un système GreenFeed. Cette pièce d’équipement a deux fonctions : non seulement elle sert à nourrir les bovins, mais elle permet aussi de mesurer les taux d’émissions de méthane, de dioxyde de carbone et d’hydrogène dans l’haleine des vaches à chaque visite au poste d’alimentation.
En outre, les animaux étaient pesés toutes les deux semaines afin de vérifier que les granules n’affectaient pas leur appétit ou leur consommation de nutriments.
Par rapport aux émissions du groupe témoin, les émissions de méthane des bovins qui mangeaient des granules d’algues ont connu une baisse moyenne de 37,7 % – ce qui signifie que les algues pourraient réduire les émissions de ce type de bétail très polluant de plus d’un tiers si elles devenaient un élément régulier de leur alimentation.
Le groupe de recherche a également constaté que les émissions de méthane du groupe témoin sont restées relativement uniformes tout au long de l’expérience, tandis que les émissions du groupe nourri avec des granules d’algues ont connu une baisse soudaine environ deux semaines après l’introduction des granules. Les émissions sont demeurées faibles durant les cinq semaines suivantes, et elles sont restées inférieures à celles du groupe témoin pour toute la durée de l’étude.
De plus, les suppléments d’algues n’ont eu aucune répercussion sur la santé générale ou le poids des vaches, conformément aux résultats des recherches précédentes.
Ces résultats sont remarquables, compte tenu du fait que les animaux se nourrissaient volontairement, et donc que leur consommation d’additifs était probablement assez faible : elle pourrait être optimisée par la mise en œuvre d’autres mesures. « Nous avons l’intention d’étudier les possibilités d’incorporer [des algues rouges] aux pierres à lécher, ou même à l’eau, pour réduire les émissions », indique le Pr Kebreab. Les pierres à lécher sont couramment placées dans les champs de pâturage pour fournir davantage de nutriments aux bovins.
Le groupe de recherche croit que les algues pourraient également être ajoutées à la nourriture complémentaire habituellement offerte au bétail aux pâturages l’hiver, ce qui permettrait de mieux maîtriser cette solution, de manière mesurable.
Quoi qu’il en soit, l’intégration des pouvoirs de neutralisation du méthane des algues aux pâturages nous rapproche de la réalité d’une vache écologique (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre).
Source : Ermias Kebreab et coll., « Mitigating methane emissions in grazing beef cattle with a seaweed-based feed additive: Implications for climate-smart agriculture (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) », PNAS, 2024.
Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/12/scientists-just-took-one-step-closer-to-a-climate-friendly-cow/ (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)
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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), la Durabilité à l’Ère Numérique (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) et le pôle canadien de Future Earth (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre).