Skip to main content

Championnats du Monde Boston 2025 - Danse rythmique : confirmations et mauvaises surprises…

© I.S.U.
© I.S.U.

Madison Chock et Evan Bates ont parfois des débuts de saison mitigés, mais ils savent être prêts quand il faut. Ils sont rodés comme une Formule 1 ici à Boston, avec leur patchwork multi-partitions enfin amputé de quelques uns des onze morceaux de départ. L’ensemble y gagne un peu en cohérence. Le but de l’opération est de couvrir les trois décennies concernées par le thème de cette année, dans l’ordre chronologique. On a quand même eu du mal à le saisir lors des compétitions précédentes. Mais l’exécution est aujourd’hui magistrale. Leurs carres sont profondes et précises, leurs mouvements calibrés au millimètre. Tout est poli, lisse, léché, un peu trop même… Il se dégage de l’ensemble une impression de politiquement hyper-correct. Malgré les poses et les oeillades sexy, Madison et Evan restent sages comme des images. Ils prennent aisément la tête avec 90.18 points.

© I.S.U.
© I.S.U.

Rayés comme des doryphores, elle en rose, lui en jaune, Piper Gilles et Paul Poirier semblent s’amuser comme des petits fous sur les Beach Boys et The Surfari. Leur enthousiasme est communicatif. Les niveaux, pas loin de crever le plafond chez Chock/Bates, descendent un peu chez les Canadiens. Ils savent exploiter leurs points forts au maximum, à commencer par leur talent d’entertainers, mais sans jamais en faire trop. 86.44 les amène facilement à la seconde place.

© I.S.U.
© I.S.U.

Comme d’habitude Lilah Fear et Lewis Gibson, qui évoluent sur “ Le Freak” de Chic et “Superstition” de Stevie Wonder, font le show. Je finis par me demander si les juges ne tiennent pas d’avantage compte des réactions du public que de ce qui se passe sur la glace. Le principe qui consiste à les surnoter se perpétue avec une régularité qui défie la logique. Bien sûr, ils sont ultra généreux, leur fougue met le feu aux tribunes. Mais la technique… Pas celle de Lewis, qui est excellente, celle de Lilah qui n’est toujours pas meilleure. Elle est encore une fois très bien payée malgré ses lacunes. Tant mieux pour le couple qui est charmant. Et tant pis pour les autres, qui le sont tout autant. Lilah et Lewis sont provisoirement 3èmes, avec 83.86.

© I.S.U.
© I.S.U.

Charlène Guignard et Marco Fabbri passent les derniers sur la glace, ce qui n’est pas un bonus lorsqu’on suit les traces de patins de Fear/Gibson. L’ébullition dans le public redescend de plusieurs crans, bien que les niveaux d’exécution et de technique soient très supérieurs. Beaucoup plus subtils aussi. Marco manque de précision dans la première partie de cette RD. Ses twizzles tombent au niveau 2, ceux de Charlène sont à 3. Suivent une médiane 2 et 3 et un gros souci avec le Pattern qui s’effondre à 1. Ni les GOEs ni les composantes ne peuvent rattraper ce manque. Les Italiens affichent des mines de six pieds de long dans le Kiss & Cry à l’annonce de leurs points : 83.04. Ils ne sont donc que 4èmes.

Marjorie Lajoie et Zachary Lagha sont en pleine forme. Leur thème d’Austin Powers et Earth Wind and Fire se prêtent aux mimiques, mais est-il utile d’en rajouter ? Par contre, il n’y a pas l’once de l’ombre d’un temps mort dans cette danse endiablée. Les twizzles de Marjorie ne sont pas ultra nets, mais toute la RD est de très bonne facture. Ils sont 5èmes avec 81.77.

Christina Carreira et Anthony Ponomarenko les suivent dans le même point (81.51) sur Etta James et Little Richard. Eux aussi en font un peu trop mais leur public exulte. Leur RD est bien construite, avec une sympathique accélération. L’occasion d’empocher un Season Best. Le troisième couple américain, Caroline Green et Michael Parsons, leur emboîte le pas en 7ème position, mais avec un score beaucoup plus léger (77.51). Logique car les éléments sont moins bien exécutés. Olivia Smart et Tim Dieck, 8èmes (77.21) nous offrent un programme de feu sur Janis Joplin et Ram Jam. Ils ne sont pas les plus fins techniciens du circuit, mais tout est juste dans l’exécution comme dans l’interprétation. L’écart de score entre eux et les Américains qui les précèdent est minime.

Evgeniia Lopareva et Geoffrey Brissaud patinent dans le dernier groupe, soit parmi les plus grands. Alors comment peuvent-ils se retrouver 9èmes avec un maigre 76.74, très loin de leurs scores habituels ? Tout se joue sur le porté rotationnel qui écope d’un niveau 1 à cause d’un accroc sur le premier mouvement. C’est très sévère. Comme le sont les niveaux 2 de la médiane et du Pattern. Mais les Français sont, comme toujours, philosophes. Evgeniia : “En terme d’expression, je pense qu’on s’en est bien sortis. On a eu un déséquilibre qui nous a coûté cher. Voilà, il y a des jours comme ça, mais on fera beaucoup mieux demain.” Geoffrey : “On sera prudents dans le libre, et le score sera plus haut. On est arrivés bien préparés, on voulait bien faire et malheureusement, ça n’a pas payé aujourd’hui. On a eu une super saison, tout va bien. Oui sur la glace ça ira mieux demain !

Pas le temps de respirer avec Loïcia Demougeot et Théo Le Mercier sur les Jackson 5. Le programme dépote du début à la fin. Physiquement, c’est un sacré challenge et ils le relèvent haut la main. Tout est synchro, glissé, et très enlevé. Ils sont les seuls à proposer une danse rythmique avec des éléments dans un ordre différent : porté stationnaire, pattern, twizzles, médiane, séquence chorégraphique. Ils sont montés en puissance toute la saison, mais les niveaux sont en dent de scie : porté et twizzles niveau 4, Pattern niveau 1, médiane niveau 2. Et les GOEs sont moyens. Là aussi, le jugement est sévère. Loïcia : “J’ai bien aimé l’énergie renvoyée par le public pendant qu’on patinait. Je suis un peu déçue par le score, mais on est venus ici pour se faire plaisir. On s’est sentis confiants.” Théo : “Evidemment, je suis moi aussi déçu par les notes, il faut qu’on regarde la vidéo et les protocoles pour comprendre ce qui n’a pas fonctionné. On a eu le sentiment de patiner notre meilleure RD de la saison. Mais ces championnats sont d’un niveau de fou. Et le public est top.”

Membres du top 5 européen, Juulia Turkkila et Matthias Versluis, à la surprise générale, manquent de se faire couper la tête. Le vent du cut passe tout près puisqu’ils sont 20èmes et derniers qualifiés (68.09). Tout a pourtant bien commencé, mais au beau milieu de la médiane, la pointe du patin de Matthias accroche la glace et il tombe. 1 point de déduction, une ligne de GOEs négatifs, il n’en faut pas plus pour massacrer un score. En Mixed Zone, les deux Finalandais sont livides. “On ne sait pas quoi dire…” Que les choses auraient pu être pires ? Demandez à Alison Reed et Saulius Ambrulevicius. Ils font, eux aussi, un bon début de programme sur “Da Ya Think I’m Sexy” de Rod Stewart, mais Alison tombe, comme Matthias, dans la médiane ! Elle termine vaillamment la RD, mais semble s’être blessée. Les Lituaniens sont éliminés, ils ne participeront pas à la danse libre, et ce pour 1 centième de point ! Au bout de six participations mondiales et après une jolie 6ème place l’an dernier à Montréal, la pilule doit être difficile à avaler.

Kate Royan

Scores détaillés (Opens in a new window)

Classement danse rythmique (Opens in a new window)

Les Finlandais Juulia Turkkila et Matthias Versluis manquent d’être cisaillés par le cut… Tout commence très bien avec “I got You” de James Brown mais Matthias chute (*), ce qui ne lui arrive jamais en compétition. Les notes dégringolent.

Topic Articles