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Une étude phare rend un verdict clair pour la diversification des terres agricoles

Presque partout, quel que soit le type d’exploitation ou le lieu, les chercheurs ont constaté que plus une exploitation a recours à des stratégies de diversification, plus elle obtient de résultats positifs. 

Par Emma Bryce (Opens in a new window)

Une vaste étude intégrant des données issues de plus de 2 000 exploitations agricoles réparties dans 11 pays a permis de faire une découverte déterminante : presque partout, la diversification des terres agricoles apporte simultanément des avantages environnementaux et sociaux. 

Ce constat remet en question l’idée de longue date selon laquelle les pratiques agricoles visant à accroître la biodiversité nuisent au rendement et à la sécurité alimentaire. En fait, l’étude gigantesque, qui a été publiée dans Science (Opens in a new window), a montré que le contraire était vrai : il y a des chevauchements évidents entre les gains en biodiversité et la sécurité alimentaire, par exemple. 

Alors que plusieurs études ont examiné l’effet des différentes techniques de diversification de façon isolée, cette étude est la première à regrouper des méthodes variées et à explorer leurs répercussions sociales et environnementales combinées. Le projet a fait appel à une équipe internationale de 58 chercheurs qui ont collaboré pour rassembler leurs travaux publiés sur le sujet, soit 24 études portant collectivement sur plus de 2 655 exploitations agricoles – de petites parcelles au Malawi aux monocultures à grande échelle aux États-Unis. 

Ces articles couvrent des dizaines de méthodes de diversification dans les exploitations étudiées : des agriculteurs intégrant des haies et des bandes fleuries à la culture de couverture et à la rotation des cultures, en passant par l’application de compost et de biochar et l’augmentation de la variété du bétail sur leurs terres. Les chercheurs ont examiné les données pour déterminer le nombre de ces pratiques de diversification utilisées dans chaque exploitation. Ils ont ensuite modélisé l’influence de chacune de ces pratiques sur six résultats environnementaux et sociaux différents, notamment la biodiversité et les services écosystémiques, la sécurité alimentaire et le rendement. Ces résultats ont été considérés comme une fonction du degré de diversification et du nombre de pratiques adoptées dans chaque exploitation.

Pour faciliter l’analyse, les chercheurs ont regroupé les dizaines de méthodes de diversification en cinq groupes thématiques, afin de déterminer les approches qui, en général, permettent d’obtenir des gains environnementaux ou sociaux, voire les deux. 

Ce qui ressort immédiatement de l’analyse, c’est une constatation frappante : la diversification a mené à des résultats gagnant-gagnant (Opens in a new window) pour l’homme et l’environnement. En fait, dans chaque catégorie de pratiques de diversification analysée par les chercheurs, ces pratiques ont mené à des gains à la fois environnementaux et sociaux.

De plus, ces avantages augmentent avec le nombre de méthodes appliquées à la terre. « Les agriculteurs peuvent obtenir plus d’avantages s’ils utilisent plusieurs pratiques de diversification agricole en tandem, plutôt qu’une seule à la fois », explique Laura Vang Rasmussen, chercheuse en changement d’affectation des terres à l’Université de Copenhague et coautrice principale de la nouvelle recherche avec son collègue Ingo Grass, chercheur en écologie des systèmes agricoles tropicaux à l’Université de Hohenheim.

Par exemple, les exploitations agricoles qui ont intégré plusieurs méthodes de diversification ont favorisé une plus grande biodiversité, tout en constatant des augmentations simultanées du bien-être humain et de la sécurité alimentaire. Deux pratiques de diversification en particulier – l’élevage d’une variété de bétail et la conservation des sols (Opens in a new window) (application de biochar, compostage et paillage) – ont été les plus bénéfiques et les plus importantes pour les indicateurs sociaux et environnementaux. (L’élevage peut sembler une voie étrange pour accroître la biodiversité, mais la recherche montre que, s’ils sont gérés de manière durable, les animaux de pâturage peuvent contribuer à maintenir des écosystèmes (Opens in a new window) qui abritent davantage d’animaux et de plantes.) 

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Les avantages de la diversification de l’élevage augmentent également lorsque cette pratique est associée à d’autres méthodes de diversification, selon l’étude. 

En outre, des mesures comme la rotation des cultures et la culture de couverture ont contribué à accroître la biodiversité et les récoltes, tandis que des mesures visant à planter des haies, des fleurs et des bandes de butinage pour les insectes sur les terres agricoles ont renforcé la sécurité alimentaire des agriculteurs, ainsi que certains indicateurs environnementaux. Il est surprenant de constater que la plantation de haies et d’autres éléments naturels dans le paysage n’a pas permis d’accroître la biodiversité de façon notable, ce que les chercheurs attribuent aux réactions variables des différentes espèces à l’habitat et à la difficulté de mesurer ces réactions pour dégager une tendance générale.  

L’étude a également montré que le schéma gagnant-gagnant était cohérent dans les exploitations agricoles diversifiées, quel que soit le type d’exploitation ou la situation géographique. En fait, partout où les agriculteurs diversifient leurs méthodes de production, on constate autant des avantages environnementaux que des avantages sociaux. 

Tout au long de cette analyse, un autre fait frappant est clairement ressorti : la diversification n’a en aucun cas entraîné de perte de rendement (Opens in a new window) considérable. La diversification agricole est souvent accusée de faire chuter les rendements agricoles, affirment (Opens in a new window) les chercheurs. En fait, ils n’ont trouvé aucune preuve de diminution du rendement découlant de ces pratiques écologiques. D’autre part, lorsque l’étude s’est penchée sur les stratégies et les programmes nationaux visant à accroître le rendement à l’aide de monocultures intensives, nombre de ces programmes n’ont pas permis d’obtenir les avantages que l’on obtient en diversifiant les exploitations agricoles. 

Après avoir présenté des arguments solides en faveur de la diversification, les chercheurs ont relevé les obstacles qui se dressent sur sa route. Les accords commerciaux et les pressions exercées par la chaîne d’approvisionnement sont des forces qui enferment les agriculteurs dans des modes de production alimentaire précis, et le passage à des systèmes diversifiés peut également s’accompagner de coûts importants.

 Les gouvernements sont les mieux outillés pour modifier ce système, car ils peuvent élaborer des politiques et des règlements pour soutenir le changement. Une solution évidente consisterait à « investir davantage pour inciter les agriculteurs, par exemple au moyen de subventions, à adopter ces différentes stratégies de diversification », explique Vang Rasmussen.

Zia Mehrabi, coauteur de l’étude, a proposé aux gouvernements et aux agriculteurs une piste à suivre dans un récent communiqué de presse (Opens in a new window) sur cette nouvelle recherche : « C’est la preuve que cela peut réellement fonctionner; on pourrait imaginer des systèmes agricoles diversifiés, à la fois au service de l’homme et de la nature »

Vang Rasmussen et coll. « Joint environmental and social benefits from diversified agriculture (Opens in a new window). » Science. 2024.

Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/04/a-landmark-study-delivers-a-clear-verdict-for-diversified-farmlands/ (Opens in a new window)

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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (Opens in a new window). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (Opens in a new window), la Durabilité à l’Ère Numérique (Opens in a new window) et le pôle canadien de Future Earth (Opens in a new window).

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