Les infrastructures vertes peuvent déclencher un cycle vertueux d’actions climatiques
Selon une nouvelle étude, les villes vertes ne font pas que réduire les émissions de carbone : elles peuvent aussi les absorber.
Par Sarah DeWeerdt (Opens in a new window)
D’après une nouvelle étude, les infrastructures vertes et autres solutions fondées sur la nature, telles que les parcs, les ceintures vertes et les rigoles naturelles de traitement des eaux pluviales, pourraient réduire les émissions de carbone dans les villes européennes de 17,4 % en moyenne.
Les résultats représentent une évaluation bien plus complète des solutions fondées sur la nature que ce qui a été entrepris par le passé. Les études précédentes ont généralement examiné l’absorption par les infrastructures vertes (Opens in a new window) des émissions de carbone générées ailleurs dans l’économie, grâce au stockage du carbone dans la végétation et les sols. La nouvelle étude prend également en compte les avantages indirects de ces caractéristiques, en constatant qu’elles peuvent en soi contribuer à la réduction des émissions de carbone.
Par exemple, un chemin bordé d’arbres peut encourager les personnes à troquer la voiture contre la marche ou le vélo, réduisant ainsi les émissions dues au transport. La végétation peut également aider à réguler la température des bâtiments voisins (ceux-ci étant plus chauds en hiver et plus frais en été), réduisant ainsi leur consommation d’énergie.
Les études antérieures ont également eu tendance à considérer de manière isolée l’effet de chaque solution fondée sur la nature, alors que la nouvelle analyse aborde globalement des éléments tels que les parcs, les arbres de rue, les autres plantations et les jardins sur les toits (Opens in a new window), y compris les fermes urbaines, les revêtements perméables, les habitats pour la faune, les routes plus étroites, les sentiers pédestres et les pistes cyclables.
L’équipe de recherche a passé au peigne fin les études sur les solutions fondées sur la nature menées dans le monde entier afin d’évaluer leur potentiel pour économiser les ressources (Opens in a new window), réduire l’étalement urbain, promouvoir des comportements respectueux de l’environnement, modérer les extrêmes de température et séquestrer le carbone.
Elle a cartographié les endroits où différentes solutions fondées sur la nature seraient les plus efficaces dans 54 villes de l’Union européenne, en se basant sur la source des émissions de carbone dans un endroit donné et sur l’environnement bâti dans une ville particulière. Par exemple, les arbres de rue sont les plus utiles le long des routes très fréquentées des centres urbains, tandis que la préservation de l’habitat est la plus efficace en périphérie urbaine et que le traitement écologique des eaux de pluviales est le plus bénéfique dans les zones industrielles.
« En raison des ressources foncières limitées dans les villes, la répartition spatiale et la configuration des solutions fondées sur la nature (SFN) en zones urbaines doivent être optimisées pour mener à des réductions maximales des émissions de carbone », écrit l’équipe de recherche dans la revue Nature Climate Change.
L’équipe a constaté qu’une mise en œuvre maximale des différentes solutions fondées sur la nature pourrait réduire les émissions de carbone dans les villes européennes jusqu’à 25 %. La répartition la plus efficace des caractéristiques, telle qu’elle a été cartographiée dans l’étude, permettrait de réduire les émissions de carbone dans une ville donnée de 17,4 % en moyenne. Le piégeage du carbone dans ces lieux permettrait également d’absorber 5,6 % supplémentaires des émissions de carbone restantes d’une ville.
« Comparés à la séquestration du carbone, les effets indirects des SFN, comme elles influent sur le comportement humain, se sont avérés jouer un rôle beaucoup plus important dans la réduction des émissions de carbone en milieu urbain », écrit l’équipe de recherche.
Les réductions les plus importantes des émissions de carbone se produiraient dans le secteur industriel (possibilité de diminution de 14,0 % en moyenne pour une ville, grâce aux solutions fondées sur la nature). Selon l’équipe de recherche, les réductions d’émissions seraient en moyenne de 8,1 % dans le secteur résidentiel et de 9,6 % dans le secteur des transports.
L’équipe a également analysé le potentiel des solutions fondées sur la nature dans différents scénarios de développement futur des villes de l’UE. Elle a constaté une sorte de cercle vertueux d’actions climatiques, dans lequel les scénarios mettant en œuvre des politiques climatiques plus ambitieuses offrent également plus de possibilités d’appliquer des solutions fondées sur la nature, par exemple en limitant l’étalement urbain et en faisant la promotion d’un développement immobilier à haute densité.
« Ainsi, les villes pionnières qui ont créé les meilleures occasions d’efficacité des SFN devraient étendre leurs plans d’action climatique pour intégrer pleinement la mise en œuvre des SFN, ce qui maximiserait leurs chances d’atteindre la carboneutralité », conclut l’équipe de recherche.
Source : Pan H. et coll. « Contribution of prioritized urban nature-based solutions allocation to carbon neutrality (Opens in a new window) ». Nature Climate Change. 2023.
Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2023/09/green-infrastructure-can-set-off-virtuous-cycle-of-climate-action/ (Opens in a new window)
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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (Opens in a new window). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (Opens in a new window), la Durabilité à l’Ère Numérique (Opens in a new window) et le pôle canadien de Future Earth (Opens in a new window).