Championnats du Monde Boston 2025 - Interview Kevin Aymoz

Il vient de terminer son programme court et sort à peine du Kiss and Cry, frais comme un gardon, avec, sous le bras, un score de 93.63 et son Season Best. A peine un petit quarter est-il venu s’inscrire sur sa fiche détaillée, pour son quadruple boucle piqué combiné à un triple. Plusieurs de ses concurrents n’ont pas encore patiné, il ne sait pas encore qu’il sera 4ème à la fin de ce segment de la compétition.
Patinage Magazine : A chaud, quelles sont tes impressions ?
Kevin Aymoz : Je me sens super bien, je suis super content. Le travail effectué depuis un mois a payé. Je n’ai pas réfléchi, je me suis senti “facile” (il mime des guillemets avec ses doigts). Enfin, ce n’est jamais facile, mais j’ai eu le sentiment que mon corps se débrouillait tout seul. Je suis entré dans ma bulle pendant l’échauffement en salle et je ne l’ai plus quittée. Je n’avais pas de pression particulière, pas de stress, ou juste ce qu’il faut. Tiens, au passage, les gens s’étonnent que Silvia [Fontana] n’ait pas été présente en bord de piste. Mais la pauvre est rentrée à l’hôtel car elle est malade !
P.M. : Peux-tu nous expliquer pourquoi tu es revenu à ton programme court de l’an dernier ?
K.A. : Il y a plusieurs raisons. La première est que j’avais besoin d’une musique plus calme que “Everybody” de Martin Solveig, de quelque chose de plus propice à assurer techniquement. Avec mes coaches nous nous sommes interrogés. Créer un programme complètement nouveau ? Matériellement c’était possible. Mais sans doute un peu risqué. Mais possible. Et risqué (rires). Reprendre un ancien court ? L’an dernier, je n’ai pas terminé la saison et c’est comme ça qu’est venue l’idée de faire revivre “Bird Gehrl” d’Antony and the Johnsons. Je ne me voyais de toute façon pas patiner en pantalon de latex noir sur un thème hyper fun alors que nous avons rendu hommage hier aux victimes du crash de Washington. Cette tragédie a touché le monde du patinage de plein fouet. Question de respect pour leurs familles, leurs amis et l’ensemble du public. Je n’étais plus dans le “mood” pour une musique festive, question de ressenti et d’émotions. Ensuite, c’est aussi pour saluer deux de mes amis qui ont effectué leur transition. Ca demande un courage immense. Même si le sport est, de fait, politique, je ne me mêle pas de politique, justement. Mais il m’a paru très important d’apporter un témoignage en reprenant ce programme. Les championnats du Monde ont lieu ici à Boston, dans un pays où certains droits sont en danger. Je veux profiter de ma popularité pour faire entendre ma voix. C’est très important pour moi. La vie ne s’arrête pas au patinage, c’est tout un ensemble de choses, tout le monde est concerné.
P.M. : C’est très courageux de ta part.
K.A. : Merci. Mais ça me semble naturel. C’est bien de transmettre des émotions, ce n’est pas mal non plus de faire passer un message.
P.M. : Comment vas-tu aborder le programme libre ?
K.A. : Le plus sereinement possible !
Propos recueillis par Kate Royan