Grand Prix de Chine : dernière étape avant la Finale
Dans deux semaines, les meilleurs de chaque catégorie seront à Grenoble (liste des qualifiés en bas de page). Les places sont chères, donc disputées, le niveau de stress est élevé. Shun Sato prend la tête dans le programme court, malgré un point de déduction pour dépassement de temps. Son “Ladies in Lavender”, illustré par une chemise de la couleur qui va bien, est propre, léger, très technique, avec un quad Lutz d’entrée de très bonne qualité. Le libre souffre d’approximations : erreur de carre sur un flip qu’il ne passe qu’en double, combinaison triple Axel/Euler/triple Salchow, puis triple boucle, chahutés. Mais trois quad impeccables lui permettent de prendre une seconde place et la médaille d’or au final (278.48). Mikhail Shaïdorov, second du court, avec une prestation moins nette que celle du Japonais, se hisse à la première place du libre (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) grâce à sa désormais célèbre combinaison triple Axel/quad boucle piqué. Base Value : 17.50, des GOEs de 0 à +3, mais un score de 18.99 à elle seule ! Le Kazakhe, sur son étonnant mélange de Beethoven et A-Ha, agrémenté de deux quarters et d’une chute surprenante dans la séquence de pas, empoche un total de 276.17, à peine un peu plus de deux points derrière le vainqueur. Distancé sur le plan comptable, Adam Siao Him Fa (252.53) est néanmoins 3ème. Option “SOS d’un Terrien en Détresse” pour son court avec chute sur le quad boucle piqué, un libre (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) entamé par un quad Lutz qui vire au double, des bêtises sur la combinaison quad/triple boucle piqué et triple Axel. Mais peu importe la manière, l’important est qu’il se qualifie en Finale, dans laquelle il retrouvera ses deux principaux concurrents du jour ainsi que Kevin Aymoz.
Par le passé, Amber Glenn ne tenait pas ses libres. A présent, elle les gagne. Elle gagne aussi son deuxième Grand Prix de la saison (215.54). 2ème du programme court avec son arme de guerre, le triple Axel (ici en quarter), elle remporte nettement le libre (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), malgré deux erreurs : carre douteuse du triple flip en combinaison, même chose pour le triple flip solo, doublé d’un quarter. Mone Chiba est première vendredi, seconde samedi (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) et repart avec une médaille d’argent (211.91). Toujours fâchée avec la carre de réception de ses Lutz, elle s’offre également une belle chute dans sa séquence de pas. Rion Sumiyoshi est 3èmes du court, mais une avalanche de GOEs négatifs la repousse un rang plus loin dans le libre. Elle est débarquée du podium au profit de Chaeyeon Kim (208.47), en grande forme, auteur de deux prestations presque propres. A noter que dans le programme court, les trois premières sont dans un même point : 70.86 pour Chiba, 70.84 pour Glenn soit un cheveu, 70.48 pour Sumiyoshi, l’écart se faisant lors du libre.
Echaudés par leurs erreurs du Grand Prix de France à Angers, Charlène Guinard et Marco Fabbri sont venus en Chine pour remettre les pendules à l’heure. C’est chose faite, avec un changement des costumes du libre passant du métallique au noir, et une victoire méritée (209.13). Mais attention, l’écart de points avec leurs premiers poursuivants, Marjorie Lajoie et Zachary Lagha, est faible, en particulier dans la FD (moins d’un point). Les Canadiens sont seconds avec 205.16 et ils ont le vent en poupe. Tout est question de niveaux : médiane 2 pour Charlène, 3 pour Marjorie dans la danse rythmique ; séquence sur un pied 2 pour Charlène, 1 pour Marco contre un niveau 3 pour les deux membres d’IAM. Même les twizzles y passent, avec niveau 3 pour Marco dans la danse libre. Le TES est en faveur des Canadiens (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) dans cette même danse. Après avoir été battus par Lopareva/Brissaud à Angers, le couple italien est dorénavant “prenable”. J’ai toujours trouvé Charlène et Marco meilleurs techniciens que Chock/Bates qui les précèdent pourtant dans les classements. Je pense même qu’ils sont actuellement les plus fins techniciens du monde. Alors, régression ? Ou les juges ont-ils simplement du mal à appréhender un thème original mais un brin hermétique ? Les prochaines compétitions nous le diront. Les Américains Christina Carreira et Anthony Ponomarenko sont médaillés de bronze de ce Grand Prix (198.18), après une 3ème place en danse rythmique et une bonne prestation, mais un libre plus convenu qui ne les place qu’au 4ème rang. Christina, très expressive, est en passe d’éclipser son partenaire toujours un peu trop “sage”. La 3ème place de la danse libre revient à Olivia Smart et Tom Dieck, dont les progrès sont de plus en plus visibles. Créativité, originalité, sensibilité, le couple a deux très bons programmes cette année. Ils terminent 4èmes (196.52). 7èmes de la RD, Loïcia Demougeot et Théo Le Mercier battent leur Season Best dans les deux segments de ce Grand Prix, mais sont dépassés dans le libre par les Géorgiens d’adoption Diana Davis et Gleb Smolkin pour quelques poussières de points (111.79 contre 111.73). Malgré ce léger recul, ils conservent la 7ème place (185.23).
Premier couple italien de l’histoire à décrocher un titre européen (2023), Sara Conti et Niccolo Macii ont encore une fois des thèmes de programmes désuets, mais leur qualité de patinage est toujours aussi pointue. 2èmes du programme court, ils remontent d’un cran le lendemain à la faveur d’une chute de leurs adversaires directs, Minerva-Fabienne Hase et Nikita Volodin, pour remporter ce Grand Prix (211.05). La chute des Allemands se produit dans la séquence de pas (3ème cas de figure dans cette compétition), ce qui leur coûte très cher. Leurs programmes sont beaucoup plus créatifs que ceux des Italiens, mais le principe du patinage est de rester debout ! (Leur programme court (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)) Les Canadiens Lia Pereira et Trennt Michaud complètent le podium (188.74). La liste de leurs chorégraphes cette saison est alléchante : Maddison et Adrian Diaz, Jean-Luc Baker, Olivia Smart et Alison Purkiss, soit pas moins de quatre danseurs sur glace pour une coach de couples. La griffe des “lames sans pointe” se voit dans le montage des programmes, si ce n’est dans les choix musicaux assez conventionnels. Ils ne commettent qu’une erreur dans le court, à la descente du triple twist dont le niveau descend lui aussi (1), mais sont moins heureux lors du libre : nouvelle erreur sur le triple twist, ligne de GOEs négatifs pour leur combinaison triple boucle piqué/double Axel/double Axel en séquence, chute à la réception du triple boucle lancé. Le monde du patinage est petit, et le coach du couple Chtchetinina/Wozniak est Nolan Seegert, ancien partenaire de Minerva-Fabienne Hase. Avec un total de 177.04 les Polonais sont 4èmes après être passés par le 5ème rang du libre pour cause de combinaison invalide : double Axel/séquence/Axel simple/Axel simple. Beaucoup d’Axels mais pas assez de tours ! Camille et Pavel Kovalev terminent 6èmes (157.11), soit une place de mieux qu’à Angers. Une chute sur le triple flip lancé du court, et une autre sur le triple boucle piqué du libre qui les prive de combinaison, sont venues grever leur budget points, mais je les trouve plus à l’aise et plus convaincants qu’au Grand Prix de France. Leurs deux programmes ont pris de l’ampleur et les séquelles physiques et morales laissées par la blessure de Pavel semblent s’estomper.
Kate Royan
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