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Interview avec Carolina Kostner

Carolina Kostner, championne du monde et d'Europe, travaille désormais avec Yuma Kagiyama, médaillé d'argent olympique, dans le cadre de sa collaboration avec la chorégraphe Lori Nichol. Au cours des derniers mois, Carolina a accompagné Yuma en compétition, offrant son expertise et une nouvelle perspective. Après la Finale du Grand Prix à Pékin, nous avons rencontré l’ancienne patineuse italienne pour évoquer les performances de Yuma et le nouveau rôle qu’elle a pris dans le patinage.

Photo © International Skating Union (ISU)

Solène : Que pensez-vous de la performance de Yuma lors de la Finale du Grand Prix ?
Carolina :
Nous avons été déçus de l'erreur sur le Salchow dans le programme libre, mais très satisfaits qu'il ait pu rester concentré même en sachant qu’il avait perdu beaucoup de points sur cet élément, l’un des plus importants de son programme. C'est un bon signe, et il peut en être fier.

Solène : Yuma a beaucoup évolué depuis son début de saison au Lombardia Trophy. Que pensez-vous de ces derniers mois ?
Carolina :
Yuma veut essayer de progresser de compétition en compétition. Revenir après une si longue période sans compétition est un défi. De plus, il avait beaucoup de pression à la suite de ses excellents résultats de la saison olympique. Reconstruire la confiance et la forme physique n'a pas été facile. La guérison de sa blessure a pris beaucoup de temps et de patience. Sa détermination était très impressionnante. Il voulait par ailleurs montrer quelque chose de nouveau pour son retour à la compétition. On pouvait voir sa détermination dans son regard et sa volonté de s'améliorer. Il voulait travailler sur tous les détails de son patinage ainsi que comprendre la musique et l'art inclus dans la musique. Nous avons pris beaucoup de plaisir à travailler là-dessus et à intensifier l'aspect artistique de son patinage. Bien sûr, ce n'est pas que moi. Nous sommes une équipe avec Lori Nichol, Shae-Lynn Bourne et son entraîneur Kagiyama Sensei. Cela a aussi été une expérience incroyable pour nous.

Solène : Travaillez-vous avec lui à la fois sur les aspects techniques et artistiques ?
Carolina :
Mon travail concerne surtout la qualité de patinage et les aspects artistiques. J’offre à Yuma un regard supplémentaire. Je peux aider à mieux comprendre comment le public et les juges perçoivent le programme et aussi comment il peut être ressenti du point de vue d'un patineur. J'aide aussi Yuma à comprendre comment donner vie à la chorégraphie. Cela a toujours été un rêve pour Lori Nichol et moi de travailler ensemble. C’est inspirant de travailler avec elle sur la création des programmes, d'aider les patineurs à comprendre sa vision et à la traduire dans leur propre style. Ça a été très intense avec Yuma, et je pense que la longue expérience de Lori participe beaucoup à son évolution en termes de qualité patinage et d’artistique.

Solène : Vous avez l'air très calme derrière la barrière lorsque vous travaillez en tant qu'entraîneur. Comment le ressentez-vous ?
Carolina :
Je me sens calme. Je m'attendais pourtant à être très nerveuse. Ma longue expérience de la compétition à haut niveau et ma participation à deux Jeux Olympiques m'aident. Maintenant, je n'ai qu'à être présente et soutenir le patineur. Je n'ai pas grand chose à faire, alors pourquoi serais-je nerveuse ? (rires)

Solène : Êtes-vous restée au Japon entre le Trophée NHK et la Finale ?

Carolina : Oui. Yuma et moi vivons loin l'un de l'autre. Nous essayons de profiter de chaque opportunité que nous avons pour travailler ensemble. De nos jours, nous pouvons nous envoyer des vidéos et des messages, mais bien sûr, être ensemble est toujours préférable pour l'énergie, la motivation et l'inspiration. Nous aimons nous entraîner ensemble, essayer de nouvelles choses et nous amuser. Dans cette période où les compétitions se succèdent et où la pression monte, il est très important de garder une ambiance légère et amusante, autant que possible.

Photo © International Skating Union (ISU)

Solène : Vous travaillez aussi avec Rebecca Ghilardi et Filippo Ambrosini. Quel est votre rôle auprès d'eux ?

Carolina : Je les conseille et les aide de toutes les manières possibles. Nous avons différents systèmes de soutien en Italie appelés Groupes Sportifs. Nous faisons partie du même groupe, et j'ai eu le privilège de prendre une nouvelle mission en tant que directrice technique.

Solène : Avez-vous pu regarder la compétition féminine à Pékin ?

Carolina : Pas autant que je l'aurais voulu, mais j'ai apprécié la vitesse, la facilité et l'aisance de Kaori tout au long du programme. J'ai aussi apprécié voir la personnalité d'Isabeau commencer à s'épanouir. Voir les juniors se battre a été un bel aperçu de l'avenir. Je leur souhaite le meilleur, en particulier de rester en bonne santé pour maintenir leur régularité.

Solène : Un de vos programmes les plus emblématiques était votre Boléro. Kevin Aymoz patine également sur cette musique cette année. Avez-vous vu son programme ?

Carolina : Je l'ai surtout vu à l'entraînement, et j'ai apprécié son programme. Bien sûr, chaque fois que j'entends cette musique, cela me ramène à des souvenirs particuliers. C'est formidable que Kevin puisse apporter son propre style à ce programme.

Solène : Les prochains Jeux Olympiques se dérouleront à Milan-Cortina. Quel sera votre rôle là-bas ?

Carolina : J’ai hâte de ces Jeux Olympiques ! J’y serai présente comme ambassadrice. Nous réalisons déjà de nombreux projets, en allant dans les écoles et en partageant avec les enfants les valeurs olympiques. Je parle aux enfants de ma carrière et de comment le sport m'a aidée à grandir et à développer ma personnalité et ma confiance en moi. Le sport m'a donné un avenir et m'a guidée pour devenir qui je suis aujourd'hui. J'espère provoquer une étincelle, et qui sait, peut-être créer chez eux de grands rêves et pourquoi pas une carrière sportive.

Solène : L'équipe italienne a probablement de grands rêves pour les Jeux Olympiques, surtout en ce qui concerne l'épreuve par équipes.

Carolina : Avoir les Jeux Olympiques dans son propre pays est une grande motivation. Construire ce rêve de représenter notre pays, de faire partie d'une équipe forte et de faire partie de l'histoire est une grande motivation pour eux. Je leur souhaite bonne chance à tous, et comme je l'ai dit auparavant, rester en bonne santé pour pouvoir patiner le mieux possible.

Solène : Cette interview a été réalisée en anglais, mais vous parlez aussi français !

Carolina : Je l'ai appris à l'école, et le Français ressemble beaucoup à ma langue maternelle (NB : le ladin, dialecte du nord-est de l’Italie). De plus, être amie avec Stéphane (Lambiel) m’a aidée. C’est un très bon professeur !

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