Rencontre avec Djamel Cheikh, Directeur Technique National de la F.F.S.G.
A la tête du CREPS Centre Val de Loire pendant dix huit ans, d’abord comme Chef du département de haut niveau, puis Directeur Adjoint et enfin Directeur, Monsieur Djamel Cheikh a rejoint la F.F.S.G. comme Directeur Technique National en novembre 2022. Il a accepté de répondre à nos questions entre deux épreuves des championnats de France Elites 2025 à Annecy.
Patinage Magazine : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le travail d’un Directeur Technique National ?
Djamel Cheikh : Vaste sujet ! (rires) Le travail d’un D.T.N. est un travail de grand manager. Je suis agent du Ministère des Sports, nommé par la Madame la Ministre. J’ai la responsabilité de porter le projet de la fédération et de l’ensemble des politiques publiques avancées par l’Etat. Dans ces politiques publiques, il y a évidemment le sport de haut niveau. J’ai donc la direction de toutes les équipes de France, ainsi que celle de la formation et de la mise en place de la détection sur le plan national pour chacune des disciplines. Le deuxième volet très important de ma fonction est la formation des cadres, c’est à dire la formation initiale, mais aussi la formation continue. J’ai mis en place de nouveaux dispositifs. Le troisième volet est le développement des pratiques. Ce sont les principaux grands chapitres portés par la direction technique nationale, auxquels s’ajoute aujourd’hui la prévention des violences qui est intégrée à tous les domaines, formation, approche du sport de haut niveau, etc. Je suis au service de la gouvernance en place.
Patinage Magazine : La F.F.S.G., ce n’est pas seulement le patinage…
Djamel Cheikh : Si le hockey est maintenant indépendant, tous les autres sports de glace tombent sous la coupe de la fédération : patinage artistique, danse sur glace, bobsleigh, short track, vitesse, curling, ainsi que l’ice cross qui est en plein développement . Nous avons eu une étape de coupe du Monde à Val Thorens (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) récemment qui s’est très bien passée. Nous couvrons toutes les disciplines olympiques, mais aussi celles qui se développent actuellement.
Patinage Magazine : Nous sommes à Annecy pour les championnats de France de patinage artistique et de danse sur glace. Que pensez-vous du niveau français dans ces deux disciplines ?
Djamel Cheikh : Nous n’avons pas à rougir de nos athlètes, bien au contraire. Nous avons de très bons patineurs et danseurs qui performent au niveau international. Avec la direction technique nationale, je m’attache particulièrement à travailler sur la relève. J’ai effectué des recrutements dans ce sens. Il y aura bientôt quelqu’un pour s’occuper du développement au sein des clubs, par la formation continue des entraîneurs, car ce sont les premiers acteurs de la formation de base, dès les premiers pas des patineurs. Le but est de gommer certains défauts dès le départ, car déconstruire pour reconstruire est toujours très difficile. Je suis partisan de cet “écosystème” à mettre en place pour que nous ayons de la haute performance sur la durée, pas seulement ponctuellement. Mais déjà aujourd’hui nous avons un niveau de danse sur glace très très élevé. Nous sommes très bien placés chez les messieurs aussi. Il nous faut rehausser le niveau chez les dames. Nous manquons de densité en patinage artistique féminin. Là aussi nous travaillons à remettre en place un système de détection qui fonctionne. En short track, nous avons également remis en place un processus de formation. En ce moment nos seniors sont à Bormio en Italie pour travailler avec leurs homologues transalpins. Nous avons la chance d’avoir pu réaliser une collaboration intelligente avec la fédération italienne qui nous accueille au sein de son grand centre de short track dans la perspectives des Jeux Olympiques de 2026. Nous avons l’équipement nécessaire pour les entraînements à Font Romeu, mais la piste est actuellement en travaux. J’ai demandé au C.R.E.P.S. et à la région de mettre cette piste aux normes actuelles pour que l’on puisse travailler dans les meilleurs conditions, ce qui n’était pas le cas jusque là. Les travaux viennent de commencer. Pendant ce temps nous sommes donc à Bormio où les conditions sont idéales. Je travaille avec l’A.N.S.[Agence Nationale du Sport (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)] pour tenter d’enclancher un projet de création de patinoire dans un établissement public, soit dans un des C.R.E.P.S. [Centre de Ressources, d’Expertise, et de Performance Sportive], qui pourrait justement servir au short track, mais aussi au patinage artistique et à la danse sur glace. Ces disciplines sont compatibles en termes de pratique. Les disciplines d’expression peuvent tout à fait s’entraîner entre les bords en mousse nécessaires au short track. J’ai un écho très favorable de l’A.N.S. , il me reste à trouver la collectivité qui nous aidera sur ce dossier. Pour ce qui est de la longue piste, à mon arrivée à la fédération, la délégation avait été donnée au roller. A terme, nous la redemanderons car la longue piste, c’est sur la glace ! Voilà pourquoi je n’estime pas le transfert de cette discipline au roller très pertinente. D’autant moins que le roller n’est pas reconnu par l’I.S.U. alors que tous nos autres sports le sont. Aujourd’hui, c’est moi qui inscris les athlètes aux compétitions de longue piste, alors qu’ils ne sont pas dans ma fédération. Vous voyez l’absence de logique. Nous allons redemander cette délégation, mais nous n’aurons pas de centre d’entraînement longue piste pour autant. L’équipement est lourd et très couteux, tout est donc beaucoup plus compliqué !
Propos recueillis par Kate Royan