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Championnats du Monde Boston - programme court dames : on redistribue les cartes !

© Olivia Marteens
© Olivia Marteens

Une Américaine prend la tête mais ce n’est pas celle qu’on attendait… Très à l’aise dès les six minutes d’échauffement, Alysa Liu patine dans le groupe 4 (sur 6) et se retrouve propulsée en première ligne par un programme court phénoménal. Si elle bénéficie d’une légère “inflation locale” au niveau de ses composantes, la partie technique est d’une propreté immaculée. Les GOEs ne crèvent pas le plafond, à l’exception des +4 et +5 de ses pirouettes, mais sont tous positifs. Triple flip/triple boucle piqué, double Axel, triple Lutz semblent d’une facilité déconcertante. Portée par le public nord-américain venu en nombre, elle est confiante, sans stress ou pression apparents. Son “Promise” de Laufey et Dan Wilson est vécu de bout en bout avec le coeur et les tripes. Elle rafle au passage son Season Best : 74.58.

© I.S.U.
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Mone Chiba la suit de près avec un score de 73.44, signant elle aussi son Season Best. “Last Dance” de Donna Summer a la faveur du public et le patinage de la Japonaise est un modèle de dynamisme et de fraîcheur. Toujours aussi fluide et fiable, dotée d’une détente impressionnante, Mone ne voit son total technique entaché que d’un quarter à la réception de son triple boucle piqué (en combinaison avec triple Lutz). Ses composantes sont très légèrement supérieures à celles d’Alysa Liu.

© I.S.U.
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Autre surprise avec une Isabeau Levito en pleine forme qui prend la 3ème place provisoire dans le même point que Mone Chiba (73.33). Season Best aussi pour la Audrey Hepburn des patinoires. Pas un cheveu ne dépasse de son interprétation de “Breakfast at Tiffany’s”, (en français “Diamants sur Canapé”) tout y est, de la robe au collier en passant par le sourire. Ne manque que le grain de folie de Holly Golightly, l’héroïne du roman de Truman Capote et du film de Blake Edwards. Isabeau est bien trop sage et sa technique de saut est critiquable. Ce qui ne l’empêche pas de tous les réussir, à part une mauvaise carre de réception du triple Lutz. L’USFS (fédération américaine) doit se féliciter de l’avoir choisie au détriment de Bradie Tennell, sélection qui a fait couler beaucoup d’encre.

© I.S.U.
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Surgie du groupe 4, Wakaba Higuchi s’installe au 4ème rang (72.10). Remontée comme une horloge suisse, elle parvient à être aussi puissante que légère, ce qui est un exploit physique. On a beaucoup entendu la bande originale de “Dune” cette saison et ce n’en est sans doute pas la meilleure interprétation. Mais la vice-championne du Monde 2018 réalise un sans faute technique. Encore un Season Best à la clé, Wakaba est vraiment de retour cette saison.

Avec 71.03, sa compatriote Kahori Sakamoto est 5ème. La triple championne du Monde réalise elle aussi un sans faute absolu sur la “Résurrection et la Mort de l’Ange” de Gidon Kremer. Kaori est venue à Boston pour défendre son titre et ne se contentera pas de ce 5ème rang. Madeline Schizas, sur le “Roi Lion”, est 6ème (69.18). Solide et très régulière cette saison, la Canadienne inscrit son court au très large registre des programmes hyper propres de l’après-midi.

Suspendue trois ans pour mauvais conduite par sa fédération, la Coréenne Haein Lee a finalement été blanchie et a pu reprendre sa carrière. Son “Ave Maria” est bien patiné et plutôt soporifique. La très classique jeune femme reste dans sa zone de confort. Seul accroc : elle réceptionne son triple flip sur la mauvaise carre. 67.79 la classent 7ème, quelques poussières devant Nina Pinzarrone (67.74), ce qui n’est pas très équitable. Le “Lac des Cygnes” de la Belge n’a rien du classicisme que le titre pourrait laisser imaginer. Les partitions choisies ne sont pas les plus connues de l’oeuvre de Tchaïkovski. La chorégraphie signée Benoît Richaud est parfaitement adaptée à son talent et sa personnalité. Nina a tout pour elle : souplesse, élégance, fluidité, légèreté et la vitesse de ses pirouettes est saisissante. L’ensemble du programme, malgré deux petites erreurs, est cent fois plus intéressant que celui d’Haein Lee.

Personne ne s’attend à voir Amber Glenn, une des grandes favorites, voire LA favorite devant son public, plonger à la 9ème place (67.65). Et pourtant une chute surprenante à la réception du triple Axel, saut qu’elle maîtrise très bien et qui est devenu son arme de guerre, prend tout le monde de court. La Texane se reprend très bien avec une belle combinaison triple flip/triple boucle piqué et un triple flip, mais la ligne de GOEs à -5 cause de gros dégâts, d’autant plus que ses composantes sont mitigées. L’Américaine a gagné toutes les compétitions auxquelles elle a participé cette saison, elle essuie donc une belle déconvenue. Mais tout n’est pas encore perdu. Le programme court de Kimmy Repond vaut sans doute un peu plus que ce score de 67.42 et une 10ème place, même s’il manque de saveur. La longiligne Suissesse est une patineuse de grand talent, une musique avec un peu plus de relief lui conviendrait peut-être mieux. Kimmy est très grande, 1m72, elle a une glisse subtile et des lignes très pures. Et des sauts de peu d’amplitude au ras des edelweiss… Etonnant compte tenu de sa tonicité musculaire.

Quand elle monte sur la glace, Chaeyeon Kim a un couloir ouvert devant elle. Mais c’est en fait une porte qu’elle prend en pleine figure. Sur “Tron Legacy” de Daft Punk, son double Axel passe sans souci mais elle chute lourdement sur le triple boucle piqué combiné au triple Lutz. Pas de combinaison, un point de déduction, une collection de -5, pour la récente vainqueur des Quatre Continents c’est la Berezina : 11ème (65.67) ! Elle n’est pas la seule à se mordre les doigts. Ratage complet pour Anastasiia Gubanova. Chute d’entrée sur sa combinaison, Axel éclaté, triple Lutz retourné, la pseudo-Géorgienne est expédiée du dernier groupe du court, soit celui des meilleures mondiales, aux gradins comme simple spectatrice. Avec un famélique score de 47.31, Anastassia ne passe pas le “cut”, et de loin, puisqu’elle est 28ème.

Lorine Schild prend une très bonne 15ème place (60.59). Son étonnant “Laissez Moi Danser” en version Izïa Higelin a pris du corps au fil de la saison. Elle le patine avec conviction et détermination. Son triple boucle accroche un peu, de même que sa pirouette combinée avec changement de pied. Cela ne devrait pas suffire à la classer derrière Lara Naki Gutmann et c’est pourtant le cas. Niina Petrokina, récente championne d’Europe, est 12ème (65.58).

Sur le plan comptable, après ce programme court, pas moins de dix patineuses peuvent prétendre au podium tant les scores sont serrés. Le niveau de la compétition est extrêmement relevé, et le libre sera aussi électrique que captivant !

Kate Royan

Scores détaillés (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Classement programme court (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

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