Quatre Continent 2025 Seoul : programmes courts

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En couples, qui d’autre que les Japonais Miura/Kihara (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) peut prendre la tête ? Personne aujourd’hui et leur “Paint it Black” des Stones est à l’honneur avec une prestation de qualité, à peine entachée d’un petit quarter. Un bon score de 74.73 leur offre une avance d’un peu plus de 4 points sur Kam/O’Shea (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). Le “Rain in Your Black Eyes” des Américains ne comporte qu’une erreur, sur le triple boucle lancé. Leur vitesse d’exécution est sensiblement inférieure à celle des Japonais, mais le programme est agréable à l’oeil et bien construit (70.32). Les Canadiens Pereira/Michaud (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), sur “Sing Sing Sing” de Luis Prima ont un patinage moins vif que celui des concurrents qui les précèdent au classement, malgré le rythme soutenu du thème musical. Encore un programme très propre avec seulement quelques GOEs négatifs dus au “catch” un peu heurté du triple twist. Les actuels champions du Monde en titre, Stelatto-Dudek/Deschamps (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), sont, eux, moins en réussite. Leur “Crazy in Love” de Beyoncé, en version ralentie, peine à porter une exécution un brin brouillonne avec des erreurs coûteuses sur triple boucle piqué parallèle et triple boucle lancé. Il y a très exactement… 25 ans, Deanna devenait championne du Monde junior en individuelle. A bientôt 42 ans, et malgré seize ans d’interruption, la longévité de sa carrière est tout à fait exceptionnelle. Avec 69.66, un score ultra proche de celui de leurs compatriotes, les Canadiens sont 4èmes. Le second couple étatsunien Efimova/Mitrofanov (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) est 5ème (67.59). A noter la présence du couple philippin Gamez/Korovin (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) (elle est en fait américaine et lui russe), qui termine 11ème (50.95). Associés depuis 2021, ils partagent leur temps d’entraînement entre Manille, Sochi et Montclair au New Jersey, avec dans leur encadrement, des noms célèbres tels que Fedor Klimov au coaching et Pasquale Camerlengo, Marina Zueva et Galit Chait à la chorégraphie.

Surprise dans la danse rythmique, avec Gilles/Poirier (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) devant Chock/Bates (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). L’écart n’est que d’un peu plus d’un point : 87.22 contre 86.21. J’ai une nette préférence pour le thème des Canadiens, Beach Boys et Surfaris, et suis toujours aussi sceptique devant le patchwork à 11 morceaux des Américains. La différence de score se fait sur la qualité des twizzles, de même niveau (4), mais avec GOEs supérieurs pour Piper et Paul, ainsi que sur la médiane, de niveau 2 pour Madison. Les composantes n’enregistrent qu’un écart minime de 11 dixièmes. Avec 82.86, Lajoie/Lagha (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) sont provisoirement 3èmes. Quincy Jones et Earth Wind and Fire composent la partition des Canadiens, surjouée au maximum comme souvent par Zachary. Le programme de Carreira/Ponomarenko (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) sur Etta James et Little Richard me semble plus abouti, mais les juges ne sont pas d’accord (79.30). Les Canadiens qui s’entraînent dans le très envié sanctuaire de Gadbois avec la fleur d’IAM semblent avoir la faveur du jury contre les Américains, domiciliés à London dans l’Ontario avec la team Hubbell/Diaz/Moir, même si Monsieur et Madame Lauzon participent à l’élaboration de leurs programmes. En danse, politique oblige, il vaut mieux s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints. Zingas/Kolesnik (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), sur les Bee Gees, sont 5èmes (74.63), devant les Coréens Lim/Quan (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) (72.37). La RD des premiers cités est du Igor Shpilband pur jus, bien construite, cohérente, mais sans originalité. Celle de Lim/Quan, concoctée sur James Brown, Etta James et Sly & the Family Stone par les poids lourds d’IAM, est à mon avis plus créative et donc plus intéressante, mais moins bien patinée. Si la discipline couples voit des Philippins participer, la danse fait connaissance avec le Mexique, grâce à Stanley/Urano (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), pour une première saison dans le grand bain (ils ont déjà participé à des Challengers Series) et que je découvre. Les deux patineurs sont américains de naissance, et s’entraînent en Virginie, avec parmi leurs coaches, un certain Pierre Souquet !

Avec 94.73, Mikhail Shaïdorov (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) prend un avantage conséquent sur l’Américain Jimmy Ma (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) (82.52). Le “Dune” du Kazakhe n’a pas grand chose à voir avec la création poétique d’Adam Siao Him Fa sur le même thème. L’exécution est cependant nickel, avec quad boucle piqué en 4ème élément, donc bonifié. L’Américain, très souple et expressif sur “Mexican Phonk Eki” chorégraphié par Nicolaï Morozov, a de meilleures qualités artistiques. Mais, à l’exception du triple Axel, sauts et pirouettes ne sont pas nets d’où une perte de GOEs. Kazuki Tomono (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), dans une tenue chamarrée qui brille comme un sapin de Noël, a choisi un thème original : Tshegue et Muanapoto de Tshegue, mais le rythme est assez linéaire. Il retourne le tripe boucle piqué combiné à un quad, puis éclate en double ce qui devait être un quad Salchow. Ce qui lui vaut un score de 79.84 et la 3ème place. Avec 79.24, Junhwan Cha (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), qui patine sur “Natural” de Imagine Dragons, est sur les talons du Japonais après avoir, lui aussi, éclaté son quad Salchow en double. Kao Miura (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), se laisse un peu déborder par son énergie naturelle et pose une main sur la glace à la réception du même quad Salchow, avant de chuter sur le triple boucle combiné au triple flip. Dommage car le programme, sur “Conquest of Spaces” de Woodkid, est ambitieux et intéressant. Tatsua Tsuboi (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) tombe d’entrée sur son quad Salchow, qui décidément aujourd’hui ne porte chance à personne. Le reste de sa prestation est correct mais avec un point de déduction et une ligne de -5, le mal est fait. Il est 6ème (78.07). Une petite surprise nous attend avec le Canadien Matthew Newnham (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) sur “Aline” de Jarvis Cocker : pour sa première participation à ces Quatre Continents, il prend une excellente 7ème place (73.81) grâce à une prestation propre comme un sou neuf. Son compatriote Roman Sadovsky (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), lui, peut s’en vouloir. Pas un saut ne passe sans accroc : quarter pour le quad Salchow, même chose pour le triple Lutz combiné à un triple boucle piqué, chute sur le triple Axel. Il espérait sûrement mieux qu’une 9ème place dans ce court (72.85). L’Américain Camden Pulkinen (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) fait encore pire avec deux chutes (quad boucle piqué et triple Axel) et une déduction pour dépassement de temps qui l’expédient au 16ème rang (65.79). Son choix musical, “Come What May”, extrait de Moulin Rouge est d’une platitude agaçante. Le garçon a du talent, et quitte à ne pas tenir debout, autant le faire sur un thème plus original.

4ème en 2023, seconde l’an dernier, Chaeyeon Kim (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) entame la compétition avec une farouche détermination. Sur la B.O. de “Tron”, utilisée en danse par Lopareva/Brissaud pendant deux saisons, la Coréenne, très soutenue par un public pourtant clairsemé, ne commet aucune erreur : double Axel, triple Lutz/triple boucle piqué, triple flip, des pirouettes et une séquence de pas de niveau 4, tout passe avec légèreté, fluidité et élégance. Un vrai petit bijou de programme et un patinage d’une finesse exemplaire. 74.02 la placent en tête, devant la Japonaise Mone Chiba (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) (71.20), vainqueur l’an dernier. “Last Dance” de Donna Summer va plutôt bien à la Japonaise, toujours aussi vive sur la glace. Triple boucle piqué (combinaison avec triple Lutz) et triple flip sont réceptionnés sur le quart, mais ses composantes sont légèrement plus élevées que celles de Chaeyeon. Les trois places suivantes reviennent, dans l’ordre, à un trio américain, avec Sarah Everhard (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) et Alysa Liu (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) qui cohabitent dans un même point (67.36/67.09). Sarah, sur un extrait de Riverdance, “Reel around the Sun”, réalise un programme aussi clean que celui de Chaeyeon Kim, mais elle n’a pas la vitesse de déplacement de la Coréenne ni sa précision chirurgicale. Alysa, qui patine sur “Promise” de Dan Wilson, passe le second triple boucle piqué de sa combinaison en sous rotation, mais sa deuxième note est deux points au-dessus de celle de Sarah. Le troisième élément du trio est Bradie Tennell (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) (66.58). Le seul mérite de son choix musical, “Lord of the Dance”, est d’avoir été arrangé par Cédric Tour… Bradie, qui aurait pu voir sa carrière stoppée nette par une grave blessure, assure un programme solide, à l’exception d’une sous rotation sur le triple boucle piqué combiné à un triple Lutz. Wakaba Higuchi (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) et son Dune ont aujourd’hui quelques soucis… Le double Axel passe sans difficulté, mais elle retourne son triple Lutz et enchaîne deux erreurs dans sa combinaison : un triple flip en carre douteuse et un triple boucle piqué reçu sur le quart. Les grades d’exécution dégringolent. Elle n’est que 7ème (65.10). La vice-championne du monde 2018 serre les dents dans le Kiss & Cry. Elle s’en veut et elle a raison ! Accompagnée d’un Benoît Richaud toujours aussi impassible, la pétillante Sofia Samodelkina (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), née russe et émigrée administrative au Kazakhstan, a brillé lors de ses années juniors en Grand Prix et plus récemment en Challengers Series, ainsi qu’aux récents championnats internationaux universitaires de Turin qui l’ont vue monter sur la 3ème marche du podium. Elle est moins inspirée aujourd’hui. Non seulement “Libertango” de Piazzolla est une vraie scie des patinoires, mais elle l’exécute sans réelle conviction. Dommage car la demoiselle a une grâce naturelle et une belle ampleur de gestes qui feraient (presque) oublier la poussière qui enrobe la partition musicale. Une faute de carre sur le triple Lutz en combinaison, des niveaux 3 pour ses éléments et des GOEs moyens la classent 8ème (63.98).
Kate Royan