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Interview Kimmy Repond (Français)

Nous avons pu échanger avec la Suissesse Kimmy Répond, à la suite de sa septième place aux championnats d’Europe.

Solène : Quel bilan faites-vous de ces Championnats d'Europe ?

Kimmy : Je ne suis pas satisfaite de mes performances. Il y a eu de bons éléments, mais j'ai fait trop d'erreurs. C'est frustrant parce qu’il s’agissait de sauts sur lesquels je suis généralement à l'aise. Je n'étais pas particulièrement fatiguée ; j’ai manqué de temps pour me préparer correctement et le stress est venu s’ajouter. C'est une chose de réaliser des sauts à l'entraînement, mais c'en est une autre sous la pression. Ma forme physique était bonne, mais je n'ai pas eu assez de temps pour peaufiner mes sauts. Je suis un peu déçue, mais je suis déterminée à travailler dur pour me préparer pour les championnats du Monde.

Solène : Comment gérez-vous le stress ?

Kimmy : J’essaie de me rappeler ce que j’ai déjà accompli et de me dire que ce n’est qu’un programme supplémentaire. Je me concentre sur le fait de faire de mon mieux. Me rappeler que j'ai gagné les Nationaux suisses et que j'ai été troisième aux championnats d’Europe en 2023 m'aide à rester ancrée et à donner la meilleure performance possible.

Solène : Le public vous a découverte à la suite de cette médaille de bronze aux championnats d’Europe en 2023. Maintenant que vous êtes davantage connue et attendue, sentez-vous une différence? Cela vous affecte-t-il ?

Kimmy : Non, pas du tout. Cela me rend très heureuse. Cela ne change pas ma manière de patiner car j'aspire toujours à montrer le meilleur de moi-même. Ma performance en demi-teinte à Kaunas était due au temps de préparation limité, mais je ne ressens pas de pression supplémentaire.

Solène : Vous avez souffert d'une blessure à la hanche à l'automne. Êtes-vous complètement rétablie ?

Kimmy : Oui, je le suis. J'ai eu un peu mal au dos à Kaunas, mais ce n’était rien de grave. Cela m’arrive parfois quand je suis stressée.

Solène : Pouvez-vous nous parler du Championnat national suisse ? C’était une compétition importante pour vous : votre retour sur la glace après plusieurs semaines d'arrêt.

Kimmy : Oui, les Nationaux Suisses ont été cruciaux pour moi, en particulier pour préparer les championnats d’Europe. Ce n'était pas parfait, mais j'étais vraiment satisfaite de ma performance, surtout que je n'avais eu que deux semaines et demi d’entraînement.

Solène : Avez-vous une compétition de prévue avant les Championnats du Monde ?

Kimmy : Non, je participe aux galas Art on Ice pendant deux semaines. Ensuite, j’aurai six semaines d’entraînement. Le timing sera parfait pour une préparation optimale pour Montréal.

Solène : Avez-vous des objectifs spécifiques pour les Championnats du Monde ?

Kimmy : Je vise de nouveau un top 10 et plus généralement d’obtenir le meilleur classement possible.

Solène : Vous avez choisi une chanson française, "Voilà" de Barbara Pravi pour votre programme court. Connaissiez-vous cette chanson avant de décider de patiner dessus ?

Kimmy : Je l'avais entendue pendant les championnats nationaux auxquels ma petite sœur participait. C'était la première fois que j’entendais cette chanson, mais je ne l'avais pas envisagée pour mes programmes. Cependant, David Wilson a suggéré cette chanson, et j'ai adoré l'idée. C'était une décision de dernière minute puisque j’étais déjà à Toronto pour travailler avec David !

Solène : Comprenez-vous les paroles de la chanson ? Il me semble que vous comprenez le Français.

Kimmy : Oui, je comprends le Français, mais je ne saisissais pas complètement les paroles. Lorsque nous étions à Toronto, David a traduit chaque parole en anglais, afin que nous puissions en comprendre pleinement le sens. Cela nous a aidés à adapter les mouvements et les expressions pour correspondre à ce qui est dit dans la chanson.

Solène : Quels patineurs admirez-vous ?

Kimmy : Mes favoris sont Carolina Kostner, Yuzuru Hanyu et Yuna Kim, mais je suis également très inspirée par Loena Hendrickx. C’est une patineuse incroyable, et son parcours me parle. Son passage chez les seniors a été marqué par une blessure importante. Elle a des difficultés à s’entraîner en Belgique avec peu de patinoires qui peuvent l’accueillir. Ma situation est similaire, donc je me sens proche d'elle. Même si mon but est de gagner ou d'être sur le podium, je suis sincèrement heureuse de son succès. Elle le mérite et est vraiment un modèle pour moi.

Solène : Avez-vous également des difficultés à trouver des patinoires pour vous entraîner ?

Kimmy : Oui, nous avons eu beaucoup de problèmes. Cela se passe mieux maintenant. Nous avons des séances d'entraînement tôt le matin, vers 6h, avant tout le monde, donc la glace est en bon état. Cependant, je me souviens d'une époque où je devais faire mes triples sauts avec parfois 40 autres personnes sur la glace. À un moment donné, nous avons même utilisé une patinoire qui n'était pas plate - elle était construite sur une colline ! Heureusement, nous avons maintenant accès à une patinoire deux fois par jour. Pendant les vacances en revanche, c'est toujours difficile. La patinoire où je m'entraîne ferme souvent. Par exemple, l'année dernière, avant les Championnats du Monde juniors, nous devions nous lever vers 4h30 du matin et faire la route vers différentes patinoires en Suisse. Parfois, ces patinoires étaient très fréquentées, ce qui rendait l’entraînement difficile. Je suis contente d’avoir tout de même réussi une belle performance aux Championnats du Monde juniors.

Solène : Un réveil à 4h30 ! Êtes-vous du matin ?

Kimmy : Non, pas du tout ! Je préfère patiner le soir, surtout pendant les compétitions. Je me sens plus en forme à ce moment-là.

Solène : Vous êtes nommée aux ISU Awards, dans la catégorie “newcomer”, pour les patineurs et patineuses qui font une entrée remarquée sur le circuit senior. Qu’en pensez-vous ?

Kimmy : Je suis ravie d'être nominée. Je ne m'attends pas à gagner, surtout au vu de l'incroyable saison de Nina Pinzarrone. Elle mérite vraiment ce prix. Mais le simple fait d'être nominée est une fierté. Cela met en lumière le patinage suisse. Lukas Britschgi et moi avons remporté des médailles l'année dernière aux Championnats d’Europe, qui n'avait pas été le cas depuis l'époque de Sarah Meier et Stéphane Lambiel. C'est un véritable honneur d'être reconnue de cette manière.

Solène : J'ai beaucoup aimé l'une de vos publications sur Instagram (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) au sujet des figures que vous ne pouvez pas faire sur la glace : l’hydroblade, les pirouettes et sauts dans l’autre sens, la cafetière...

Kimmy : Je me suis dit que ce serait amusant de partager cela. C'est drôle parce que certains mouvements semblent simples, mais je ne sais pas les faire. Je pourrais m'améliorer si je m’entraînais tous les jours, mais je n'ai pas le temps pour ça. C'est intéressant de voir que certains patineurs peuvent les faire sans effort, et pas moi. J'ai pensé que ce serait amusant de partager cela avec mes abonnés.

Solène MATHIEU pour Patinage Magazine

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