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Une nouvelle étude montre qu’un nombre accru d’arbres pourrait réduire le nombre de visites aux urgences en période de canicule

Dernièrement, le Los Angeles Urban Cooling Collaborative, un groupe d’experts en chaleur, a calculé l’apport potentiel de solutions de faible technicité, comme les arbres et la peinture blanche, dans un monde qui ne cesse de se réchauffer.

Par Warren Cornwall (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

On associe souvent la lutte contre les changements climatiques aux technologies dernier cri : voitures électriques, éoliennes géantes, machines qui aspirent le dioxyde de carbone de l’air et climatiseurs futuristes (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), pour ne nommer que celles-là.

Mais, parfois, certaines options moins flamboyantes peuvent faire la différence entre la vie et la mort, ou entre la maladie et la santé, par exemple la plantation d’arbres et l’application de peinture blanche.

Voilà ce que disent certains scientifiques de Los Angeles qui étudient les méthodes pour garder les gens au frais en contexte de réchauffement climatique. Certaines stratégies d’une grande simplicité, comme planter davantage d’arbres ou augmenter la quantité de lumière solaire réfléchie par les toits ou d’autres surfaces, pourraient réduire de 50 % le nombre de personnes qui se rendent aux urgences parce qu’elles souffrent de la chaleur lors des canicules. Inutile d’attendre que de nouvelles technologies fassent leur apparition.

« C’est un point essentiel, indiquent les scientifiques (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) dans l’International Journal of Biometeorology. Nous pouvons utiliser des stratégies qui existent déjà pour améliorer considérablement la santé publique pendant les vagues de chaleur. »

Ces épisodes sont parmi les manifestations les plus évidentes et meurtrières du réchauffement climatique. Les villes représentent de véritables îlots de chaleur en raison des vastes superficies d’asphalte – un matériau qui absorbe la chaleur –, et d’une quantité moindre d’arbres. Selon une estimation récente (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), les personnes qui résident en milieu urbain doivent composer de nos jours avec des températures mortelles trois fois plus fréquentes que dans les années 1980.

Les répercussions de cette nouvelle réalité se font déjà sentir à Los Angeles. Lors d’une canicule, on estime que les décès sont de 8 % supérieurs au taux normalement attendu. Pendant les périodes de chaleur extrême sur plusieurs jours consécutifs, on observe une augmentation de 30 % du nombre de décès. Le Los Angeles Times a récemment rapporté (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) qu’en Californie, de 2010 à 2019, environ 3 900 personnes sont mortes de problèmes liés à la chaleur pendant les canicules.

Pour tenter de remédier à cette situation, une équipe de spécialistes de la chaleur, le Los Angeles Urban Cooling Collaborative (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), a évalué le potentiel de certaines solutions de faible technicité, comme la plantation d’arbres. Ce groupe comprend des scientifiques de l’Université de la Californie à Los Angeles, de l’Université Kent State, de l’Université Arizona State et de Climate Resolve, un organisme à but non lucratif de Los Angeles.

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Dans le cadre d’une étude précédente (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), l’équipe de recherche a constaté qu’un accroissement considérable du nombre d’arbres et des surfaces traitées pour être plus réfléchissantes, comme les toits recouverts de peinture blanche, pourrait faire baisser les températures dans certaines parties de Los Angeles de 3 °C et réduire de 25 % le nombre de décès attribuables à la canicule, ce qui équivaut à un peu plus de 20 personnes lors d’une vague de chaleur aussi intense que celle qui a frappé la ville en septembre 2010.

Dans leur nouvelle étude, les scientifiques se sont intéressés à la réponse aux problèmes médicaux non létaux. Ce qui peut être plus difficile à mesurer, car ces maladies ne font pas l’objet d’un suivi aussi systématique que les décès par les organismes de soins de santé. On a donc choisi d’utiliser comme indicateur les visites aux urgences des hôpitaux du comté de Los Angeles. Il s’agissait d’un énorme corpus de données sur les visites ayant eu lieu de 2005 à 2018. Ils ont ensuite étudié l’évolution de la fréquentation des urgences lors de quatre vagues de chaleur au cours de cette période.

Sans surprise, plus la température grimpe, plus il y a de visites aux urgences, en particulier en ce qui concerne les problèmes exacerbés par la chaleur. Lors de la vague de chaleur la plus prononcée, les hôpitaux du comté ont reçu 245 visites de plus par rapport à ce qui aurait été attendu dans des conditions plus fraîches, dont 145 pour des problèmes liés à la chaleur, a observé l’équipe de recherche.

Pour évaluer les retombées potentielles des arbres et de la peinture, les scientifiques ont utilisé un modèle de prévision météorologique (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) conçu par un groupe d’organismes fédéraux de recherche et l’Université d’Oklahoma. Dans une reconstitution numérique de Los Angeles, ils ont créé plusieurs scénarios en modifiant le pouvoir réfléchissant des surfaces et l’étendue du couvert arboré pour voir l’influence de ces paramètres sur les conditions météorologiques. Dans le scénario le plus modeste, on a fait passer ce couvert de 18 % à 22,5 %. La réflectance, ou l’albédo, a augmenté de 75 % à 100 % pour les toits et les chaussées. Dans le scénario le plus ambitieux, les arbres ombragent 40 % du territoire et la réflectance est doublée, voire triplée, selon le type d’infrastructures.

Après analyse, on a déterminé que le scénario de plus faible augmentation du couvert arboré aurait permis d’éliminer de 8 à 49 visites aux urgences, en fonction de l’intensité de la vague de chaleur étudiée. En revanche, avec un fort accroissement des arbres, des toits et des trottoirs blancs, il y aurait eu de 19 à 85 visites en moins à l’hôpital, soit une baisse de 12 % à 47 %.

Les arbres suffisamment grands pour que leur ombre puisse produire l’effet escompté ne poussent pas du jour au lendemain. L’étude conclut qu’il faut donc commencer dès maintenant à adopter ces stratégies, dans des villes comme Los Angeles, pour tenter de réduire les problèmes de santé qui exigent une attention médicale et les décès dans un avenir toujours plus chaud. Il ne faut pas attendre l’avènement d’inventions révolutionnaires. Ces options, comme l’affirment les scientifiques, « existent déjà et donc devraient être utilisées en priorité ».

Sheridan et. coll. « Increasing tree cover and high-albedo surfaces reduces heat-related ER visits in Los Angeles, CA ». International Journal of Biometeorology. 29 avril 2024.

Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/05/new-research-shows-how-more-trees-could-cut-er-visits-in-heatwaves/ (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), la Durabilité à l’Ère Numérique (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) et le pôle canadien de Future Earth (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre).

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