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Votre façon de conduire aurait un effet plus grand sur le climat que le type d’auto que vous conduisez

Une nouvelle étude sur la mobilité durable propose une stratégie plus équitable pour les personnes qui n’ont pas les moyens de s’offrir des véhicules non polluants : les vieilles bagnoles peuvent encore être écologiques pour peu qu’on les conduise correctement.

Par Sarah DeWeerdt (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Le style de conduite personnel influence grandement l’effet des automobiles sur le climat, parfois même plus que le type de véhicule, révèle une nouvelle analyse. La méthodologie proposée permet aux personnes derrière le volant de réduire leur impact environnemental sans avoir à acheter de nouvelle voiture.

En Europe, les transports sont responsables d’un quart des émissions de gaz à effet de serre, les voitures particulières et les autobus représentant près de la moitié de ce pourcentage. Or, la transition vers les voitures électriques se fait plus lentement que prévu, et certaines personnes n’ont pas les moyens d’acheter de nouvelles voitures non polluantes.

Les voitures dotées de moteurs à combustion interne ne sont pas près de quitter les routes. Il est donc nécessaire d’élaborer de nouvelles stratégies pour rehausser l’efficacité des transports sur le plan énergétique et pour réduire les émissions en tenant compte de cette réalité, affirme une équipe de recherche de la Politecnico di Milano, en Italie, dans la revue Scientific Reports.

Les membres de cette équipe ont utilisé des données provenant d’études existantes sur les émissions pour mettre au point une nouvelle méthode d’estimation de la consommation de carburant, de la quantité d’émissions de dioxyde de carbone et de la pollution par les oxydes d’azote des voitures individuelles. L’équipe a surtout établi un lien entre ces effets et le comportement des personnes au volant, notamment la vitesse à laquelle elles conduisent et l’intensité de leurs freinages et de leurs accélérations. Elle a aussi pu cerner une corrélation étonnamment forte entre ces mesures simples et les émissions d’échappement réelles (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), qu’il serait difficile de mesurer directement à l’échelle.

Ensuite, le contingent de recherche a collaboré avec une compagnie d’assurance italienne pour consulter une base d’informations tirées de « boîtes noires » contenant des unités GPS et des accéléromètres installées sur plus de 8 000 voitures privées en Italie. Il a analysé les données sur quelque 11 millions de trajets totalisant plus de 190 millions de kilomètres afin d’évaluer l’impact environnemental de chaque voiture.

À titre d’exemple, la consommation de carburant et les émissions de carbone sont réduites au minimum dans la plage des « vitesses vertes » comprises entre 50 et 75 kilomètres à l’heure.

« Notre nouvelle méthodologie, comme l’explique l’équipe de recherche, montre comment utiliser des modèles connus et bien établis en combinaison avec les données sur la conduite et les caractéristiques des véhicules pour générer une mesure personnalisée de l’impact environnemental de n’importe quelle voiture. »

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Les normes environnementales régissant actuellement les voitures particulières en Europe sont fondées sur la technologie et l’âge du véhicule (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). La nouvelle méthodologie, qui prend en compte le comportement des personnes derrière le volant, fournit toutefois une mesure plus précise de l’impact environnemental réel de la conduite que le système Euro actuel de classification des véhicules, ont constaté les membres de l’équipe de recherche.

Les voitures figurant dans la base de données de la compagnie d’assurance comprenaient 59 véhicules Euro 3, 1 283 véhicules Euro 4, 1 563 véhicules Euro 5 et 5 552 véhicules Euro 6. « Bien qu’il soit communément admis qu’il existe un lien de corrélation entre des normes Euro élevées et des émissions faibles, notre analyse révèle une réalité plus complexe », indique l’équipe de recherche.

Elle a utilisé sa méthodologie pour regrouper les véhicules en quatre catégories en fonction de leur impact environnemental. On retrouve 636 véhicules dans la catégorie la moins performante, 1 688 et 2 001, respectivement, dans les deux catégories qui suivent et, enfin, 4 132 véhicules dans la catégorie la plus performante.

Dans l’étude, les performances environnementales réelles de certains des véhicules de la catégorie Euro 6 étaient moins bonnes que celles de certains des véhicules de la catégorie Euro 4. En d’autres termes, le fait de conduire des véhicules écologiques sur de longues distances (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) de manière cavalière et inefficace entraîne des émissions de gaz à effet de serre plus importantes que celui de conduire des véhicules plus âgés de manière vertueuse et écoresponsable.

Par exemple, les décideurs politiques pourraient utiliser cette nouvelle méthodologie pour gérer l’accès aux zones réservées aux voitures dans les centres-villes et fixer les tarifs de stationnement en fonction de l’impact réel des véhicules sur l’environnement.

Selon l’équipe de recherche, même si cette approche responsabilise davantage les personnes qui conduisent, c’est aussi une façon d’envisager la mobilité durable plus équitable et plus inclusive. En effet, elle incite à une conduite vertueuse sans exiger des personnes qu’elles achètent des types de voitures précis.

Source : Strada S.C. et coll., « An innovative virtual sensing system for the vehicle-centric evaluation of emissions in the sustainable mobility transition (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) », Scientific Reports, 2024.

Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2024/12/the-climate-impact-of-driving-may-depend-less-on-what-car-you-drive-than-how-you-drive-it/ (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), la Durabilité à l’Ère Numérique (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) et le pôle canadien de Future Earth (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre).

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