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La culture de laitue en intérieur produit deux fois plus, deux fois plus vite

Une méta-analyse inédite révèle que la laitue pousse bien à l’intérieur, ce qui permettrait à l’industrie de la salade, qui représente 3 milliards de dollars, de parer aux changements climatiques.

Par Emma Bryce (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Les laitues cultivées à l’abri des éléments dans des fermes verticales, des polytunnels et des serres produiront en moyenne 50 % plus de feuilles – jusqu’à 300 % plus rapidement – que leurs cousines cultivées dans les champs. 

C’est ce que vient de révéler la plus grande étude en son genre, qui examine les avantages des conditions de culture artificielles pour cette plante très convoitée. C’est également une bonne nouvelle pour l’une des denrées agricoles les plus précieuses au monde : la laitue rapporte près de 3 milliards de dollars par an, mais ses feuilles fragiles sont particulièrement menacées par les ravageurs ainsi que par la chaleur et la sécheresse liées aux changements climatiques.

La culture en intérieur est considérée comme un moyen de contourner ces menaces, mais comme aucune tentative n’a été faite jusqu’à présent pour synthétiser les résultats d’un nombre croissant d’articles, les exploitations agricoles et les responsables des politiques ont dû se livrer à des conjectures sur l’efficacité réelle de cette méthode.

Pour combler cette lacune, l’équipe de recherche de la nouvelle méta-analyse a rassemblé 121 études sur le sujet, qui portaient sur la culture de laitues dans divers environnements intérieurs artificiels situés dans 29 pays. À partir de ces études, elle a comparé les rendements et les taux de croissance des laitues cultivées en intérieur avec les taux de croissance moyens des laitues cultivées de manière conventionnelle dans les champs. Elle a également examiné l’influence de plusieurs conditions, notamment le type de laitue, les sources de lumière, les milieux nutritifs et les types de bâtiments, sur la qualité et la rapidité de la croissance des plantes d’intérieur.

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Ce vaste ensemble de données a permis de dégager une tendance frappante. En moyenne, les environnements intérieurs contrôlés ont produit deux fois plus de laitue que les cultures dans les champs : 3,68 kg de laitue par mètre carré dans les fermes intérieures, contre 1,88 kg en moyenne dans les fermes conventionnelles.

Les laitues d’intérieur ont également poussé à une vitesse supérieure – 50 % plus rapidement que les laitues conventionnelles en été, et 300 % plus rapidement en hiver, par rapport à la vitesse de croissance ralentie des laitues exposées au gel à l’extérieur. 

Les conditions variées des différentes études ont aussi permis à l’équipe de recherche de déterminer les méthodes et les variétés les plus efficaces. De tous les types de laitue, c’est la laitue iceberg qui s’est avérée la plus productive, avec un rendement moyen de 7,45 kilos par mètre carré. Par ailleurs, les serres ont produit la plus grande quantité de laitue parmi les différents systèmes de culture, ce qui, selon l’équipe de recherche, pourrait être lié à la disponibilité de la lumière naturelle dans ces installations.

La culture de la laitue à la verticale plutôt qu’à l’horizontale a également augmenté les chances d’obtenir une récolte plus abondante. Le mode d’alimentation des cultures s’est avéré particulièrement important : les systèmes aquaponiques ont donné les meilleurs résultats, produisant les plantes les plus luxuriantes par rapport à d’autres milieux de culture. 

Les avantages environnementaux de la culture en intérieur pourraient être considérables : les plantes d’intérieur nécessitent moins de pesticides et permettent d’utiliser efficacement la terre si on les cultive verticalement en recourant aux infrastructures existantes, comme des entrepôts abandonnés et des terrains urbains marginaux, plutôt que d’étendre l’empreinte agricole sur de nouveaux territoires.

En revanche, la culture en intérieur est reconnue comme une activité énergivore, dans la mesure où les plantes ont besoin de systèmes d’éclairage, de chauffage ou de refroidissement artificiels pour pousser. Toutefois, les énergies renouvelables peuvent apporter des solutions à ce problème, de même que la possibilité pour les exploitations agricoles de cultiver leurs plants dans des serres inondées de lumière naturelle au lieu d’avoir recours à des sources artificielles.

En fait, la culture de laitue à l’intérieur ne produirait qu’une fraction – moins d’un dixième – des émissions de carbone générées par la culture classique de laitue dans les champs, si elle était produite à l’aide d’énergies renouvelables et si l’on tenait compte des émissions de carbone liées à l’expansion des terres agricoles conventionnelles que l’on pourrait éviter, comme le montre l’étude. 

Malgré cette immense promesse, l’agriculture en intérieur demeure une approche trop spécialisée et trop onéreuse pour la plupart des cultures (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). Les chiffres frappants de l’étude montrent toutefois qu’elle pourrait réellement changer la donne pour au moins un aliment largement consommé dans le monde, ce qui permettrait de « mieux comprendre où et quand cette technologie peut apporter le plus de valeur à la société », selon l’équipe de recherche (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre).

Harris et coll. « Let-Us Investigate; A Meta-Analysis of Influencing Factors on Lettuce Crop Yields within Controlled-Environment Agriculture Systems (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) », Plants. 2023.

Article original en anglais : https://www.anthropocenemagazine.org/2023/09/indoor-lettuce-produces-double-the-yields-doubly-fast/ (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre)

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Anthropocène est la version française d’Anthropocene Magazine (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre). La traduction française des articles est réalisée par le Service de traduction de l’Université Concordia (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre), la Durabilité à l’Ère Numérique (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre) et le pôle canadien de Future Earth (S'ouvre dans une nouvelle fenêtre).

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